3%, c’est encore un haut rendement ? Le dilemme des obligations d’entreprise européennes

Regina Borromeo, Portfolio Manager and Head of International High Yield chez Brandywine Global (une filiale de Legg Mason )

Mars s’est révélé un mois historique pour les obligations d’entreprise européennes à haut rendement en euros : le rendement moyen de ces obligations est passé pour la toute première fois sous la barre des 3 %. Le marché européen des titres « high yield » pèse aujourd’hui 360 milliards d’euros, contre 21 milliards en 2001. Mais les rendements actuels divergent très fortement de ceux offerts par le marché européen des obligations à haut rendement d’il y a 15 ans. Les investisseurs en obligations d’entreprise à haut rendement en euros sont confrontés à un dilemme, au vu de la faiblesse historique des taux d’intérêt, des risques générés par la politique de la Banque centrale européenne et des tensions géopolitiques.

Le programme de rachat des obligations pratiqué par la BCE a conduit l’an dernier à la baisse des différentiels sur tout le spectre des taux. La BCE a racheté près de 3,4 % du marché des obligations d’entreprise européennes. Ce qui a suscité une hausse des émissions et un intérêt accru pour les obligations d’entreprise européennes. Mais différents indicateurs économiques vont dans le sens d’une probabilité accrue que la BCE commencera à réduire la voilure de son programme de rachats à la fin de 2017. L’on peut craindre que le président de la BCE, Mario Draghi, soit enclin à réduire davantage les rachats d’obligations d’entreprise que ceux des obligations d’État afin de protéger les pays faibles situés dans la périphérie de la zone euro.

Par rapport aux obligations d’entreprise à haut rendement américaines, les européennes se négocient à un rendement très faible et sont plus sensibles à la duration qu’au cours des quatre dernières années. Si les taux de défaut devraient rester faibles (ils se situent actuellement à 2,2 %), certaines dynamiques de marché laissent présager des tensions à l’avenir. Au premier trimestre, l’on a observé une hausse des émissions des obligations subordonnées et des obligations de moindre qualité (10,5 % du marché total contre 2,5 % au premier trimestre de 2016).

L’an dernier, le marché américain des obligations d’entreprise à haut rendement a enregistré d’excellentes performances. Des perspectives favorables sur le plan des défauts de paiement et une certaine stabilité des prix des matières premières devraient soutenir ce marché durant le reste de l’année 2017. En revanche, le rendement des obligations d’entreprise européennes à haut rendement se situe à un niveau historiquement bas. Nous restons prudents pour les obligations d’entreprise à haut rendement en euros compte tenu de leur valorisation par rapport aux obligations américaines et des obligations d’entreprise des marchés émergents, mais également en raison des risques politiques qui se profilent en Europe dans le courant de cette année.