Keith Wade: L’inflation sans véritable effet. Les banques centrales continuent à mener une politique monétaire ample

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Keith Wade

Selon Keith Wade, économiste en chef chez Schroders , l’économie mondiale va connaître cette année une croissance de l’ordre de 2,9%. Les divergences augmentent au niveau mondial. La croissance économique augmente en Europe et au Japon, alors que les prévisions de croissance pour les États-Unis et les marchés émergents viennent d’être revues à la baisse. Les prévisions d’inflation ont été ramenées à 2,4%. Le pic d’inflation semble derrière nous. Les banques centrales ne modifieront pas leur politique cette année.

L’inflation n’a aucune incidence sur les salaires

La hausse de l’inflation n’a guère eu d’incidence sur l’inflation sous-jacente et l’évolution des salaires au sein des principales économies. Les salaires n’ont quasiment pas réagi au resserrement des marchés du travail. L’absence de hausse des salaires limite, d’une part, la croissance du revenu réel et la croissance des dépenses des ménages qui en découle et pèse, d’autre part, sur l’augmentation des coûts et donc sur l’inflation. Cette situation incite les banques centrales à continuer à mener une politique monétaire ample. Le redressement économique est donc alimenté dans ce cycle par la poursuite de la politique monétaire accommodante qui va de pair avec un faible niveau de croissance salariale et d’inflation. Un sacré casse-tête pour les économistes. Comme il s’agit d’un phénomène mondial, les facteurs locaux ne suffisent pas à l’expliquer et il doit y en avoir d’autres. Des facteurs comme une concurrence internationale accrue liée à la mondialisation, l’affaiblissement du pouvoir des syndicats et l’accroissement de l’automatisation et du développement technologique peuvent peser sur le développement des salaires et sur l’inflation. D’après un rapport du FMI, le bas niveau des prévisions d’inflation est une conséquence de la crédibilité acquise par les banquiers centraux.

Qu’est-ce qui pourrait modifier la donne?

Si les pouvoirs publics stimulent davantage l’économie en 2018, cela pourrait relancer la croissance économique et faire reculer le chômage. Parallèlement à la hausse de la demande, l’inflation pourrait redémarrer. Mais la probabilité de voir ce scénario se réaliser s’amenuise quelque peu. Keith Wade prévoit que l’inflation va rester stable en 2018. La reprise de la croissance en Europe et le ralentissement de la croissance en Chine ont pour effet de contenir l’inflation mondiale.

Vu l’inflation limitée aux États-Unis, Keith Wade ne s’attend pas à un resserrement agressif de la politique monétaire. Il table sur trois hausses des taux d’intérêt cette année, avec un taux de 1,5% fin 2017 et de 2% fin 2018 (deux hausses). Durant le premier trimestre de 2018, la Fed va commencer à alléger son bilan. L’élément crucial est que - si la croissance s’arrête - la Fed pourra encore toujours décider d’élargir sa politique monétaire. Le marché tient donc compte d’un ’Fed put’.

Ailleurs, les taux d’intérêt vont faire du sur-place. En Chine aussi provisoirement, mais là-bas, le taux d’intérêt baissera dans le courant de l’année 2018 en fonction du ralentissement de l’activité. La BCE poursuivra encore son programme d’assouplissement quantitatif en 2017, mais elle commencera à le démanteler en 2018. D’après les prévisions, la Banque du Japon ne modifiera pas ses taux d’intérêt et poursuivra son programme d’assouplissement qualitatif et quantitatif, étant donné qu’elle veut atteindre son objectif d’une inflation au-dessus de la barre des 2%.