Le taux européen demeure pour le moment stable et peu élevé ; marché du travail dynamique

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Azad Zangana

Le taux européen demeurera-t-il provisoirement stable ? C’est la conclusion d’Azad Zangana, économiste européen chez Schroders : le taux restera simplement au même niveau et la BCE se bornera à modérer quelque peu l’assouplissement quantitatif (QE). Selon lui, durant les deux prochaines années, l’inflation salariale ne devrait pas s’inscrire dans une spirale ascendante et l’inflation générale devrait ralentir.

De toute évidence, les mesures souhaitées par la BCE sont incertaines, à présent que la zone euro a enregistré de bons résultats ces derniers trimestres et que les chiffres de croissance n’ont cessé de surprendre positivement. Le 7 septembre, tous les regards seront tournés vers la BCE.

Prendre du recul

A. Zangana explique qu’il est intéressant de prendre du recul et d’évaluer ainsi de manière approfondie la situation effective dans laquelle se trouve la zone euro et de déterminer s’il est véritablement nécessaire de modifier le taux d’intérêt. Une hausse du taux serait appropriée si l’économie montrait des signes d’échauffement (excessif). La situation sur le marché du travail dans la zone euro s’est nettement améliorée et le taux de chômage s’élevait à 9,1% en juin, contre un pic de 12,1% à l’été 2013. Mais lorsque l’on remonte un peu plus loin et que l’on examine les chiffres moyens durant les années 2000-2007 qui ont précédé la crise, l’on constate que le taux de chômage était alors de 8,7%. L’emploi dispose encore d’une marge de progression avant que la BCE ne doive s’inquiéter de l’inflation provoquée par la hausse des salaires.

L’Allemagne est le seul pays où ce n’est pas le cas, les chiffres du chômage ayant retrouvé leur niveau d’avant la crise. Les États-Unis et le Royaume-Uni connaissent également cette situation et c’est l’une des raisons pour lesquelles les premiers ont augmenté leur taux tandis que le second l’envisage. Cependant, cette méthode simpliste présente certains inconvénients, car le recours à des moyennes n’est pas très précis.

Les hausses salariales en disent suffisamment long

Les hausses salariales observées permettent également d’évaluer la dynamique du marché du travail. Si l’on compare l’emploi avec la tendance du passé et que l’on confronte ce résultat à l’évolution salariale par rapport à la tendance, l’on parvient à d’intéressantes conclusions, selon A. Zangana. Dans la zone euro dans son ensemble, l’on constate que l’emploi croît encore plus que proportionnellement (par rapport à la croissance du PIB), tandis que les évolutions salariales restent en-deçà de la tendance. En France et en Norvège, la croissance de l’emploi est également inférieure au taux tendanciel, ce qui laisse à penser que la reprise économique ne s’est pas encore pleinement enracinée dans ces pays.

L’Allemagne se démarque

En Allemagne, l’emploi, qui est à première vue en forte évolution, semble justement repasser à présent sous le taux tendanciel. Ce phénomène est souvent observé à un moment tardif d’un cycle, explique A. Zangana. Lorsque les entreprises voient la demande augmenter, elles doivent décider soit d’y répondre en augmentant la production, soit simplement de distribuer l’offre disponible, mais à des prix plus élevés. Si la capacité disponible est suffisante (y compris le chômage), elles sont en mesure d’accroître leur production sans en faire augmenter les coûts marginaux (qui baissent parfois en raison des économies d’échelle). Lorsque l’excédent diminue, les coûts de production commencent à augmenter et les entreprises peuvent alors opter pour une hausse de leurs prix. L’entrée prochaine de l’Allemagne dans cette phase du cycle économique peut être intéressante, bien que les données relatives à l’inflation ne soutiennent pas encore cette éventualité.

La reprise se poursuit

Pour cette année-ci et l’année prochaine, Schroders prévoit que la reprise de l’activité économique mondiale va se poursuivre. La zone euro se porte encore une fois beaucoup mieux que prévu et les économistes de Schroders tablent sur une croissance du PIB de l’ordre de 2,1% pour cette année, contre 1,8% précédemment. Pour 2018, les prévisions de croissance ont été revues à la hausse, passant de 1,8% à 1,9%. L’inflation dans la zone euro est estimée à un niveau plus faible que les prévisions initiales à la suite de la baisse des cours pétroliers et devrait s’établir à 1,5% cette année, soit un taux légèrement inférieur à celui de 1,6% précédemment attendu. Pour 2018, la prévision reste de 1,1%, Schroders s’écartant en cela assez fortement du chiffre de 1,4% retenu par la majorité des économistes.

A. Zangana et ses collègues considèrent en effet que la BCE poursuivra sa politique monétaire d’assouplissement quantitatif jusqu’en 2018, quoique d’une manière plus modérée que par le passé. À Francfort, un revirement radical n’est cependant pas prévu. Schroders prévient que lors de la réunion de la BCE le 7 septembre, un durcissement sera certes annoncé, mais dans des termes moins incisifs.