Schroders: Les actions des marchés émergents sont-elles réellement en train de repartir à la hausse?

Marcusbrookes
Marcus Brookes

Après une longue période de disgrâce, les actions des marchés émergents connaissent un nouvel envol. C’est logique si on pense que l’indice MSCI Marchés émergents a déjà gagné 14,7% cette année. Ce revirement fait suite à cinq années de vaches maigres pendant lesquelles l’indice a perdu 21,8% jusqu’en 2016, alors qu’au même moment, l’indice MSCI mondial gagnait 44,2%. Le vent a-t-il vraiment tourné pour les marchés émergents? Schroders compare les points de vue de ses différents spécialistes.

L’équipe Marchés émergents distingue des éléments incitant à l’optimisme, mais se cantonne à une vision équilibrée. Les perspectives mondiales restent incertaines et après le récent rebond spectaculaire des cours, il faut s’attendre à des prises de bénéfices. Si l’économie mondiale redécolle et que les bénéfices des entreprises sur les marchés émergents surprennent agréablement, toutes les conditions sont réunies pour que ces marchés réalisent d’excellents résultats et fassent peut-être même mieux que les marchés développés. L’équipe multi-actifs a quant à elle la conviction que si les valorisations sont faibles, c’est à cause des prévisions de croissance modérées. Mais elle s’attend également à une nette amélioration des facteurs macroéconomiques.

Marcus Brookes de l’équipe multi-manager s’était détourné des marchés émergents depuis 2011, mais il commence à s’intéresser à nouveau prudemment à la région parce que les prix des matières premières sont en train de se stabiliser et que les problèmes politiques sont en voie d’apaisement. D’après Marcus Brookes, le prix des actions des marchés émergents est fortement ristourné. Pour l’instant, elles sont peu chères et trop peu courues par les investisseurs. Parallèlement à cela, les fondamentaux s’améliorent.

La Chine suscite un enthousiasme modéré

Pourtant, tout le monde ne partage pas cet optimisme. Robin Parbrook, responsable des actions asiatiques, met en garde contre la Chine. Il ne veut pas entendre parler des secteurs soumis au joug de l’influence étatique. Mais il est positif à propos des secteurs de la « nouvelle économie » comme les technologies de l’information et les services. Il persiste cependant à dire que pour ainsi dire rien n’a changé en Chine. Les banques chinoises détiennent des tonnes de mauvais prêts qui vont coûter 30 à 50% du PIB pour les résorber. C’est la plus grande bulle de crédit jamais connue et sans réformes sérieuses, la Chine va au-devant d’une grave crise financière.

Pas moyen qu’il en aille autrement cette fois-ci…

D’après Robin Parbrook, les marchés des actions d’Asie et des marchés émergents vont connaître un rebond périodique, comme on en a connu plusieurs au cours des huit dernières années. Les arguments sont toujours les mêmes: Les actions asiatiques sont peu chères, la reprise économique approche, la Chine a assaini sa situation financière et l’économie s’est rééquilibrée. Mais comme à chaque fois au cours des années écoulées, ces arguments se font rattraper par la réalité. Robin Parbrook ne voit pas la différence avec la situation actuelle et exhorte les investisseurs à la prudence.