Les liquidités approchent du point de basculement - des opportunités se dessinent pour les investisseurs obligataires

Neilsutherland
Neil Sutherland

En réaction à la crise financière, les banques centrales de la planète ont mis sur pied la plus grande expérience financière de l’histoire. Leur but était d’abaisser les taux d'intérêt à un niveau très bas pour influer sur la masse monétaire et l’octroi des crédits. L’idée était que les banques seraient incitées à prêter plus d’argent, ce qui stimulerait l’activité économique. Mais cela n’a pas fonctionné. Les liquidités sur les marchés financiers ont certes augmenté. Le point de basculement est en vue, ce qui sonnera le retour de la volatilité des marchés, écrivent Neil Sutherland et Stephen Sciaraffo, spécialistes des produits obligataires chez Schroders .

Conséquences indésirables

Au lendemain de la crise financière, les banques centrales ont essayé de relancer l’économie en pratiquant des taux d’intérêt ultra-bas. Comme cette mesure n’a eu qu’un effet minime, voire nul sur l’économie, elles ont ensuite pris des mesures moins conventionnelles, comme l’assouplissement quantitatif et les taux d’intérêt négatifs. Ces mesures ont eu une conséquence indésirable en provoquant une pénurie d’actifs financiers qui a contraint les investisseurs à se tourner vers des titres plus à risque, comme les actions et les obligations des entreprises.

Les prix des actifs atteignent leur point culminant

Cela fait maintenant dix ans que la crise financière a éclaté. Il est clair que l’impact de la politique monétaire est plus grand sur les prix des actifs que sur l’octroi des crédits ou sur l’économie réelle (productivité, salaires, inflation, etc.). Les cours des actions américaines atteignent des sommets, tandis que les cours des obligations à haut rendement et de type «investment grade» plafonnent à leur niveau le plus élevé depuis la crise financière.

Les riches deviennent encore plus riches

Une autre conclusion de Niel Sutherland et Stephen Sciaraffo est que la politique monétaire a surtout rendu les riches encore plus riches, pour la bonne et simple raison que les ménages les plus aisés détiennent un nombre disproportionné de titres et d’autres produits financiers. C’est d’ailleurs là une cause importante de la montée récente du populisme et de l’antimondialisation.

Basculement imminent - volatilité inéluctable

La politique de stimulation monétaire excessive évolue à présent vers une politique budgétaire. L’allègement du bilan de la banque centrale aux États-Unis et en Europe semble imminent. L’inflation dans les pays développés a apparemment atteint son point le plus bas, tant et si bien qu’il n’y a plus aucune nécessité politique et économique justifiant que les banques centrales se cramponnent à la politique monétaire accommodante.

Bien que le bilan des banques centrales et les liquidités restent historiquement élevés, une réduction de l’expansion du bilan est cruciale pour les marchés financiers. Schroders pense que cela peut conduire à plus de volatilité sur le marché des capitaux. Niel Sutherland et Stephen Sciaraffo ont dès lors la conviction que les liquidités ont atteint un point de basculement. Les banques centrales ont réussi leur manœuvre de limitation de la volatilité et de stimulation des investisseurs à prendre plus de risques. Mais une politique moins accommodante va changer la donne. De plus, les risques politiques présents renforcent aussi le degré de volatilité.

Prévoyez des liquidités

C’est quand les liquidités se raréfient que des opportunités se présentent aux investisseurs. Ces derniers doivent avoir conscience du risque par rapport à leur portefeuille de valeurs à taux fixe, parce que le coût de renoncement lié au fait de ne pas avoir été placé dans un investissement agressif au sein d'un portefeuille obligataire n’a jamais été aussi bas depuis des années. Les investisseurs ont donc tout intérêt à conserver des liquidités en suffisance pour pouvoir profiter des dislocations du marché et investir lorsque les valorisations le justifient.

La flexibilité et une bonne diversification sont des facteurs critiques au sein d'un portefeuille obligataire lorsque la volatilité s’accroît. Attendez-vous toujours à l’inattendu et adoptez une position plus liquide et opportuniste. Tel est le bon conseil que vous donnent Niel Sutherland et Stephen Sciaraffo.