L’adage « Sell in May and go away» ne se vérifie pas en Asie, à l’exception de Taiwan

Chaque année à la même époque, le vieil adage boursier «Sell in May and go away» («Vendez en mai et ne réinvestissez pas avant l’automne suivant») refait surface. Robin Parbrook, responsable des actions Asie ex Japon, et King Fuei Lee, responsable des actions Asie chez Schroders , ne trouvent aucune preuve attestant que cet adage boursier puisse s’appliquer en Asie, à l’exception de Taiwan.

Cet adage boursier est aussi connu par les professionnels sous le nom «indicateur Halloween». Il repose sur les résultats d’une étude réalisée sur 37 marchés différents durant la période comprise entre 1970 et 1998 (*). Mais les éléments de preuve semblent moins convaincants pour la zone Asie-Pacifique. D’après les calculs de Schroders , la zone Asie ex Japon a enregistré un rendement moyen de + 2,8% durant les mois de mai à octobre sur la période 1990-2016. Dans 17 de ces 27 périodes, les rendements sont positifs. À Hong Kong, on distingue même nettement un effet anti-Halloween puisque le rendement moyen du marché y atteint + 8,1%. Sur ce marché, le rendement est positif dans 19 des périodes analysées.

Taiwan semble être le seul marché où l’effet «Vendez en mai» est aussi fort. Durant la période comprise entre 1990 et 2016, l’indice MSCI de Taiwan a atteint, de mai à octobre, un rendement moyen de -6%. Le rendement du marché n’a été positif que durant 10 des 27 années analysées. En base mensuelle, les mois de mai, juin, juillet et août ont connu des rendements négatifs d’un niveau historique, les chiffres des mois de mai et août étant particulièrement mauvais. Les indicateurs de changement de Schroders pour Taiwan ont été actualisés. Après un rallye de +38%, le marché taiwanais paraît beaucoup moins attractif.

Les small caps asiatiques sont les plus intéressantes

Pour les investisseurs, il est intéressant d’investir en Asie à cause de l’évolution démographique favorable, de l’émergence d’une large classe moyenne disposant d’un revenu à dépenser en hausse et de l’urbanisation constante. Paul Rathband, gestionnaire de fonds, actions Asie ex Japon chez Schroders , distingue encore une autre évolution intéressante . La hausse des salaires aidant, les entreprises asiatiques sont de moins en moins considérées comme des producteurs à faible coût pour l’Occident. Ils apportent de plus en plus souvent une valeur ajoutée au produit final et offrent des services.

Paul Rathband constate une augmentation des budgets R&D des entreprises asiatiques et une amélioration de leur capacité d’innovation. Ce développement est perceptible surtout dans les small caps asiatiques et voilà ce qui les rend si intéressantes.

Les investisseurs qui veulent profiter de la croissance en Asie doivent rechercher une exposition aux small caps. Les small caps affichent des rendements supérieurs à la moyenne et ont affiché un état de service irréprochable au cours des quinze dernières années, même si cela n’augure en rien de leur rendement futur. Mais investir dans des small caps, c’est investir dans des entreprises capables de croître plus rapidement que les large caps rigides au sein desquelles l’État détient une importante participation et dont le modèle de gestion ne séduit pas.

À l’heure actuelle, le ratio cours/valeur comptable (PBR) des small caps en Asie est conforme à la moyenne historique de 1,3 - 1,4. Cette ristourne sur les large caps en Asie peut varier entre 10 et 45% du PBR, mais atteint en moyenne entre 20 et 30%. Paul Rathband est d’avis que, bien qu’ayant fondu ces dernières années, cette ristourne repart à la hausse grâce aux échanges commerciaux de type «reflation» avec la Chine.

Où se situent les meilleures opportunités pour les investisseurs?

On trouve une série d’entreprises familiales intéressantes en Inde. Pour l’instant, ces entreprises familiales continuent à faire ce qu’elles font depuis des décennies et le succès est au rendez-vous. Il est vrai que le climat économique est parfois chaotique en Inde, mais le chaos est aussi porteur d’opportunités. Les liquidités et les valorisations sont deux aspects qui posent encore problème, mais sur le long terme, l’Inde recèle assurément des opportunités très intéressantes pour les investisseurs.

À Taiwan, les entreprises actives dans certaines niches de plusieurs secteurs ont réussi à devenir des acteurs cruciaux dans les chaînes logistiques mondiales. Paul Rathband est beaucoup plus critique envers le modèle top-down en Chine et s’inquiète de la bonne gouvernance. D’une manière générale, les investisseurs disposent d’une marge importante pour investir dans les small caps et profiter ainsi de la vitesse prodigieuse à laquelle les changements se produisent dans cette région.