Comment savoir si les marchés des actions sont chers ou pas chers? Cinq baromètres

Quel est le meilleur baromètre pour trouver des marchés où les actions sont peu chères? La valorisation est la clé de toute décision d’investissement. La valorisation n’est pas un bon indicateur pour prédire les fluctuations des marchés des actions à court terme, car ces derniers sont dominés par la peur, l’âpreté au gain et d’autres facteurs biaisants, explique Duncan Lamont, responsable de la recherche et de l’analyse chez Schroders . Il passe en revue les avantages et les inconvénients de cinq indicateurs de valorisation.

1. Ratio cours-bénéfices prévisionnel

Le ratio cours-bénéfices prévisionnel, aussi connu sous le nom de PER prévisionnel, est un baromètre général. La valeur boursière totale est divisée par le bénéfice attendu par action de toutes les entreprises cotées en bourse au cours des 12 prochains mois. Plus ce ratio est faible, meilleure est la valorisation. L’inconvénient est que nul ne connaît l’avenir et que personne ne sait à combien se chiffreront les bénéfices des entreprises. Les analystes essaient de faire des estimations, mais ils sont souvent à côté de la plaque. Ils surestiment les bénéfices des entreprises et le prix des actions semble alors inférieur à leur prix réel.

2. Ratio cours-bénéfices glissant

C’est pour cette raison que l’on a plus souvent recours au ratio cours-bénéfices glissant ou PER glissant, qui consiste à diviser la valeur en bourse par le bénéfice réalisé au cours des 12 mois écoulés par l’ensemble des entreprises cotées en bourse. Mais ce baromètre peut, lui aussi, donner une image biaisée, notamment si les bénéfices affichent un tassement et qu’ils repartent à la hausse conformément aux prévisions.

3. Ratio cours-bénéfices corrigé des variations cycliques (CAPE)

Le CAPE ou PER de Shiller est un ratio cours-bénéfice corrigé des variations cycliques. Ce ratio compare la valeur boursière au bénéfice moyen des dix dernières années en corrigeant les bénéfices pour tenir compte de l’inflation. Cela permet de filtrer les fluctuations dans les bénéfices à court terme. Si ce ratio est élevé, les rendements à court terme sont faibles. Mais c’est un mauvais indicateur pour prédire les points de basculement sur les marchés. D’après cet indicateur, les marchés américains des actions sont très chers depuis des années, mais cela ne les empêche pas de devenir encore plus chers.

4. Ratio cours-valeur comptable

Ce baromètre compare la valeur de marché des marchés des actions à sa valeur comptable, soit ce qu’il reste pour les actionnaires une fois que l’entreprise s’est acquittée de toutes ses obligations. Un ratio cours-valeur comptable élevé est synonyme d'un marché cher. Par exemple parce que l’on prévoit une forte croissance dans le futur. Son lien avec la valeur intrinsèque de l’entreprise rend le ratio cours-valeur comptable populaire auprès des investisseurs, notamment les investisseurs axés sur la valeur. Mais ce ratio joue un rôle moins important dans les entreprises technologiques et les entreprises du secteur tertiaire qui n’ont que peu d’actifs physiques. Des différences dans les méthodes comptables à travers le monde peuvent aussi être une cause d’écarts.

5. Rendement du dividende

Le rendement du dividende est un facteur très fréquemment utilisé pour calculer un rendement futur. Un rendement du dividende faible est considéré comme un signe de faible rendement futur. Mais ce baromètre est en perte de vitesse. Une des raisons de cet insuccès est le rachat massif d’actions par les entreprises pour donner des liquidités à leurs actionnaires au lieu de verser un dividende (et ces rachats d’actions font grimper les cours des actions). Cet indicateur ne fonctionne pas non plus pour une série de grandes entreprises de croissance, qui ne versent aucun dividende ou seulement un dividende modeste, mais qui investissent leurs revenus dans leur croissance future.

Comparer les régions

Les investisseurs ne doivent pas se contenter de comparer les régions sur la base d’un indicateur de valorisation. Il faut aussi tenir compte des différences au niveau des règles comptables ou dans la composition des marchés des actions. Les actions technologiques sont par exemple plus chères que celles des autres secteurs en raison de leurs perspectives de croissance élevée. Un marché où les actions de ce type sont relativement nombreuses affichera une valorisation plus élevée. Pour comparer les marchés, Schroders évalue chaque marché à l’aune de sa propre moyenne historique et fait la comparaison sur cette base.

Les USA trop chers, l’Europe de plus en plus chère et le Japon attractif

Si l’on se base sur les valorisations, on ne peut que conclure que les marchés américains des actions vont au-devant de moments difficiles. Mais en même temps, c’est le marché qui affiche la croissance la plus forte et il y a sans doute encore des perspectives de croissance si Trump parvient à mettre en œuvre son plan de réforme fiscale. Il faut un certain courage aux investisseurs pour tourner le dos aux États-Unis.

L’Europe commence à coûter cher, tandis qu’au Japon, les valorisations semblent plus favorables; le ratio cours-valeur comptable de 1,3 semble attractif de prime abord. Le revers de la médaille est que les entreprises japonaises sont d’une inefficacité notoire. Les marchés émergents rattrapent une partie de leur retard, mais offrent encore toujours des valorisations relativement attractives.