Schroders: concentrer sur le maintien du capital?

N’est-il pas temps pour les investisseurs de se préoccuper du maintien de leur capital plutôt que de sa croissance? Si le cycle du marché arrive à sa phase ultime et que le marché haussier prend fin, il est prudent de commencer à réduire les risques au sein du portefeuille avant que le marché n’atteigne son point culminant. Telle est la recommandation de Marcus Brookes et Robin McDonald, spécialistes multi-manager chez Schroders .

Évitez des pertes importantes en fin de cycle

Marcusbrookes
Marcus Brookes

Il est important de faire une distinction entre les placements à court terme et les investissements qui s’étendent sur un cycle de marché complet. À court terme, le rendement est déterminé par le moral des investisseurs, les préférences en matière de risque et le momentum des prix, tandis que sur un cycle de marché complet, c’est la valorisation qui compte en définitive.

À court terme, les investisseurs sont souvent sanctionnés pour avoir suivi la méthode d’investissement classique qui consiste à acheter à bas prix et à vendre à prix élevé. Le cycle de marché complet est en revanche beaucoup plus clément envers les investisseurs qui commencent à réduire les risques lorsque les marchés sont proches d’atteindre leur point culminant. Cela vaut même si les investisseurs commencent à réduire les risques prématurément, alors que la hausse des cours se poursuit encore un certain temps sur les marchés. Il faut dire que les pertes importantes en fin de cycle ont un effet disproportionné sur le rendement composé. D’où l’importance d’éviter ces pertes en fin de cycle. En définitive, les investisseurs ont le choix entre se focaliser soit sur le maintien du capital soit sur la croissance du capital. Il n’est pas possible de faire les deux à la fois.

Robinmcdonald
Robin McDonald

Il est plus que raisonnable de choisir d’éviter les pertes. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le marché haussier américain a en moyenne produit un rendement de 163% sur une période d’environ 64 mois. Mais dans les 15 mois qui suivent le pic, 50% de ce rendement a été perdu sur le marché baissier subséquent. Le cycle actuel est inconnu. La durée du cycle actuel est supérieure de 50% par rapport à la moyenne et son rendement affiche plus de 300% sur 98 mois.

La discipline s’impose en cas de changement de cap pour privilégier le maintien du capital

Marcus Brookes et Robin McDonald n’essaient pas de prédire quand le marché haussier va prendre fin ou ce qui va lui mettre un coup d’arrêt. Mais en phase finale d'un cycle, à mesure que les risques augmentent sur le marché, ils adaptent toujours progressivement leur positionnement et passent d’une stratégie de croissance du capital à celle du maintien du capital, dans le but de réduire au maximum leur exposition au risque lorsque le marché atteint son point culminant.

Cette phase de transition est toujours frustrante et exige de faire preuve de discipline et de patience. Car le momentum du marché continue à faire encore grimper les prix, ce qui peut, à court terme, donner aux investisseurs l’impression d’avoir fait les mauvais choix. Or, dans la prespective d'un cycle de marché complet, c’est précisément la décision qui s’impose sur le plan rationnel.

Les investisseurs prennent plus de risques

Par rapport au patrimoine actuellement mobilisé par des stratégies passives d’investissement, les investisseurs prennent en ce moment plus de risques que la normale, que ce soit de manière consciente ou inconsciente. Voilà qui rend les marchés plus risqués. La faiblesse des taux d’intérêt donne aussi un faux sentiment de sécurité. Beaucoup d'investisseurs sont convaincus que le climat d’investissement est favorable et sûr et qu'il donne de bons rendements.

Résultats en berne aux États-Unis

Marcus Brookes et Robin McDonald sont devenus plus prudents, surtout en ce qui concerne les États-Unis. Cette année, pour la première fois depuis bien longtemps, les actions américaines affichent des résultats inférieurs à ceux des marchés internationaux. À l’exception d'un court laps de temps fin 1929 et de la période comprise entre février 1997 et août 2001, les valorisations américaines n’ont jamais été aussi élevées qu’aujourd’hui. Si l'on se place dans une perspective de cycle de marché complet, elles semblent n’avoir aucun attrait et peuvent être, à terme, beaucoup plus risquées qu’on ne le pense actuellement.

Le dollar est proche de son sommet, les anciennes méthodes ne fonctionnent plus

Outre les marchés américains des actions, il convient aussi de relever que le dollar américain est surévalué. Comme le billet vert est en hausse depuis 2011, Marcus Brookes et Robin McDonald partent de l’hypothèse qu’un pic a été atteint. Les obligations se trouvent aussi sur un marché haussier depuis 1981, qui a conduit aux niveaux de cotation actuels qui sont difficiles à comprendre.

Des nouvelles méthodes pour le maintien du capital

Marcus Brookes et Robin McDonald pointent d’autres combinaisons qui peuvent aider à maintenir son capital dans les conditions actuelles du marché: par le biais d’investissements axés sur la valeur, en recherchant une exposition à des actions sur des marchés relativement sous-évalués. Les investissements alternatifs, l’or et les liquidités sont autant d’autres stratégies qui peuvent s’avérer utiles.

À cause d'une série de tendances qui sont à l’oeuvre depuis un certain temps déjà - par exemple la surperformance des marchés américains des actions, la chute du taux obligataire, le marché haussier du dollar et la résistance relative à une gestion active - les investisseurs y sont devenus plus ou moins insensibles. Or, nous sommes précisément à un moment où une approche active, patiente et disciplinée permet d’engranger un maximum de valeur dans la perspective d’un cycle de marché complet.