Le calme règne sur les marchés émergents malgré le resserrement de la politique monétaire des banques centrales

Craigbotham
Craig Botham

Les banques centrales envisagent d’adapter leur politique monétaire accommodante. La BCE songe à démanteler l’assouplissement quantitatif et la Fed cherche à réduire son bilan tandis qu’en Chine, le taux du marché est en hausse. Un resserrement de la politique monétaire et surtout une réduction des liquidités en dollar génèrent souvent une pression accrue sur les marchés émergents car ceux-ci sont dépendants du dollar. Mais jusqu’ici, la plupart des marchés émergents semblent rester de marbre. Leur dépendance au financement externe semble avoir diminué depuis le «taper tantrum» de 2013, comme l’explique Craig Botham, économiste spécialiste des marchés émergents chez Schroders .

Une Fed plus agressive?

Une réduction des liquidités en dollar peut engendrer une tension dans certaines économies émergentes fortement dépendantes du dollar. Craig Botham pense aussi que l’augmentation des taux d’intérêt américains sera supérieure aux prévisions du marché. Selon lui, les pays qui connaîtront les plus grosses difficultés sont l’Afrique du Sud, la Turquie, la Malaisie, le Pérou, le Chili et la Colombie. Ces pays affichent encore une forte dépendance au financement extérieur et sont les premiers touchés par les inconvénients liés à une réduction des liquidités en dollar sur le marché.

Une forte croissance du crédit intérieur peut aussi être porteuse de risques en cas de réduction des liquidités sur le marché mondial à cause d’un resserrement de la politique monétaire par les grandes banques centrales. Les banques centrales des marchés émergents peuvent dans ce cas se voir contraintes de mener une politique plus stricte pour endiguer un exode des capitaux. En Amérique latine et sur les marchés émergents d’Asie, la croissance du crédit dans le secteur privé a sensiblement augmenté depuis la crise. La qualité du crédit peut devenir un élément déterminant en cas de hausse des taux d’intérêt.

Stabilité grâce aux taux de change bas

D’un point de vue historique, les banques centrales des marchés émergents suivent généralement la Fed pour protéger leur économie contre un exode de capitaux et contre les fluctuations de change. Cette stratégie peut avoir des conséquences inflationnistes considérables. Pour l’instant, bon nombre de monnaies des pays émergents se sont dépréciées depuis le «taper tantrum» de 2013, ce qui explique la stabilité actuelle de ces monnaies selon Craig Botham.

Les marchés émergents d’Europe et d’Asie s’en sortent mieux

D’après Craig Botham, les bilans des banques centrales vont encore continuer à s’alourdir cette année. La Fed ne commencera pas à alléger son bilan avant le mois de septembre. Cette année, les liquidités ne constituent pas encore une menace pour les marchés émergents. Mais si la Fed surprend le marché en augmentant son taux d’intérêt de manière plus agressive - éventualité prise en compte par Schroders - des risques se profilent à l’horizon pour 2018. Plusieurs économies seront alors touchées, notamment l’Afrique du Sud, la Turquie et plusieurs économies latino-américaines. Les marchés émergents d’Europe et d’Asie s’en sortent apparemment mieux grâce à leur endettement moindre, à leur inflation moins élevée et à leur taux réel plus élevé.