L’Inde et le Brésil surprennent

L’économie indienne et l’économie brésilienne étonnent les investisseurs et les analystes ces derniers temps. Mais pas dans le sens où l’on croit. En effet, le Brésil affiche un profil très positif, tandis que l’Inde déçoit.

Craig Botham, économiste chez Schroders , avait exprimé sa préoccupation concernant le regain d’instabilité politique au Brésil que pouvaient entraîner les nouvelles accusations portées contre le président Temer. Le fragile rétablissement de la confiance économique risquait d’en pâtir, ce qui pouvait laisser des traces dans l’économie réelle.

Le Brésil rebondit, tandis que la nervosité retombe

La bonne nouvelle pour l’économie brésilienne, c’est que le président Temer a jusqu’ici réussi à se maintenir au pouvoir et même à mener des nouvelles réformes. Ses propositions de réforme du marché du travail, par exemple, ont été votées en juillet. Craig Botham s’attend à voir se restaurer rapidement la confiance des entreprises et des consommateurs, et même à la voir se renforcer. Il prévoit que la dynamique haussière de la consommation et des investissements se poursuivra, fût-ce avec un léger ralentissement. Il y a donc lieu de revoir à la hausse les prévisions de croissance pour cette année et pour l’année prochaine.

Chute de l’inflation, amélioration de la croissance en perspective

La plus grande surprise au Brésil reste néanmoins la nette amélioration de l’inflation nationale, ce qui, clairement, entrouvre la porte à une nouvelle baisse des taux d’intérêt. L’inflation atteint aujourd’hui son point le plus bas depuis 1999 et les prévisions pour les prochaines années sont orientées nettement à la baisse. Au Brésil, le taux d’intérêt atteint encore 9,25%, mais Craig Botman s’attend à le voir retomber à 7,75% cette année encore. Cette baisse pourra être un nouveau stimulant de la croissance en 2018.

La croissance indienne s’effondre

Le tableau est tout autre en Inde. Après deux événements importants, Schroders a fortement revu à la baisse les prévisions de croissance pour cette année, les ramenant de 7,4% à 6,9%. Le taux de croissance a fortement déçu, s’établissant à 6,1%, soit plus d'un point en dessous des prévisions générales des économistes. Si la démonétisation radicale ne semblait guère avoir d’effets sur l’économie fin 2016, elle a quand même provoqué une vive réaction qui se fait ressentir aujourd’hui.

La nouvelle loi et son contre-coup temporaire

Le second événement important a été l’adoption de la nouvelle loi instaurant une taxe sur les biens et services (Goods and Services Tax). Bien que l’on ne dispose que de peu de données solides à ce stade, certains chiffres comme les indices des directeurs d’achats laissent entendre que l’impact de cette nouvelle loi est considérable. Dans le secteur des services, l’indice PMI a même chuté de 53,1 à 45,9. En juin, la production industrielle a enregistré sa première baisse en quatre ans, et c’était encore avant l’instauration de la nouvelle taxe. Ce choc sera sans doute de courte durée et Craig Botham pense qu’il n’affectera pas les résultats de 2018. À long terme, la mesure fiscale pourrait même avoir un effet positif en améliorant l’efficience.

En matière d’inflation, l’Inde se porte à merveille; avec un taux d’inflation de 2,4% en juillet dernier, l’Inde se situe encore nettement en dessous de l’objectif de 4%. Le taux d’intérêt a été diminué ce mois-ci de 25 points pour s’établir à 6% et Schroders s’attend encore à une autre baisse plus tard cette année.

Les prêts bancaires sont un autre défi pour l’Inde

À long terme - une fois que la poussière de la démonétisation et de la taxe sera retombée - un autre défi se profilera à l’horizon: les banques indiennes. Contre toute attente et en dépit de tous les espoirs, il n’y a pas encore de net redressement des investissements. Les banques fournissent 80% des investissements et leurs bilans font grise mine. Environ 12% des prêts bancaires sont des emprunts toxiques ou carrément assimilables à des créances sinistrées. Aucune solution rapide n’est en vue.

Une recapitalisation des banques pourrait coûter à l’État 90 milliards de dollars, ce qui n’est pas envisageable compte tenu des promesses budgétaires. Et les banques ne sont pas non plus enthousiastes à l’idée, parce qu’elles pourraient alors être accusées de favoriser les gros clients (qui ont souvent des connexions politiques). La Reserve Bank of India a certes été habilitée à pousser les principaux contrevenants à la faillite, mais le crédit pâtit de l’absence d’une approche systématique plus vigoureuse.

Retrouvez le texte intégral de cette analyse de Craig Botham dans l’article intitulé:Economic and Strategy Viewpoint de septembre 2017.