Nous vivons actuellement une crise sanitaire de très grande ampleur, conduisant à paralysie de l’économie et une récession exceptionnelle et sans précédent depuis près d’un siècle. Le virus aura au final probablement contaminé des millions de personnes et causé la mort d’au moins 30.000 individus en France, et il devrait selon les dernières prévisions faire chuter le PIB de 8% en 2020. A ce jour nous avons plus de 11 millions de personnes au chômage (partiel ou longue durée), soit près de la moitié de la population active salariée du privé. C’est totalement inédit et particulièrement violent. Cette crise va marquer les esprits et restera dans les livres d’histoire comme « la Grande Crise de 2020 ».
Entreprendre en 2020, quelle démarche ?
On peut se demander si entreprendre en ce moment est réellement plus compliqué et plus difficile que lors de temps plus cléments ? Car ce qui compte au final pour se lancer et monter une belle entreprise, au delà de l’énergie et de l’enthousiasme propre à toute initiative, c’est d’identifier un besoin peu, pas ou mal desservi, de comprendre intimement les problématiques de ses clients, d’arriver à produire et leur livrer un produit/service de grande qualité correspondant parfaitement à leurs attentes, meilleur que celui de ses concurrents. Il faudra aussi mettre en oeuvre un modèle économique rentable, recruter et animer des collaborateurs impliqués et performants.
Garder une démarche de bon sens
Les éléments évoqués sont des principes tout à fait universels et intemporels. Les qualités pour réussir sont, notamment, le sens profond du client, la ténacité, la rigueur de gestion avec un suivi réactif des métriques clés, la flexibilité pour s’adapter aux conditions changeantes, le pragmatisme pour prendre des décisions de gestion rationnelles, et bien entendu des qualités humaines pour recruter, motiver et manager. En aucun cas les conditions extérieures, fut-ce t’elles « compliquées » comme aujourd’hui, ne doivent modifier ces fondamentaux de la réussite entrepreneuriale.
Le succès, comme l’échec, n’est pas tant dû aux conditions extérieures qu’à ce qu’en fait l’entrepreneur, la manière dont il exploite le terrain, fut-il complexe.
Alors, certes, il est clair qu’en temps de crise il y a globalement moins d’argent disponible car les investisseurs sont généralement plus frileux, et la demande, pour de nombreux marchés (mais pas tous d’ailleurs), est plus faible. Mais en même temps, une crise économique apporte plusieurs avantages : le prix des produits et services est souvent plus bas, la concurrence est moins intense car les moins performants sont affectés en premier voire disparaissent, il y a également une bien moindre tension sur le marché du travail et donc une plus grande facilité de recrutement, etc.
Une crise peut donc offrir plus d’opportunités pour les meilleurs entrepreneurs, les mieux positionnés, les plus proches de leurs clients, ceux qui disposent d’une trésorerie plus saine ou sachant faire avec moins d’argent, de façon plus frugale.
Au final, entreprendre en temps de crise n’est pas plus simple ni plus difficile, c’est juste différent. Mais n’est-ce pas là justement l’un des facteurs clés de succès qui permet avec le temps de filtrer les meilleurs : savoir en permanence s’adapter aux conditions du terrain, faire au mieux avec les conditions du moment, avec lucidité et réalisme ?
Michel de Guilhermier, Co-fondateur et Président Day One Entrepreneurs & Partners