L’environnement des mines aux batteries : Québec a besoin d’un électrochoc

MONTRÉAL, 29 oct. 2020 (GLOBE NEWSWIRE) -- Une coalition de citoyens, d’élus municipaux, de syndicats et d’organismes environnementaux dénoncent le manque de mesures de protection environnementale dans le nouveau Plan gouvernemental sur les minéraux critiques annoncé ce matin. Ce plan vise à accroître l’extraction minière pour alimenter une filière de batteries et de véhicules électriques en Amérique du Nord. Autant les régions du sud que du nord du Québec sont directement touchées par ce plan.

« Québec a besoin d’un électrochoc pour sa stratégie sur les batteries. Les ministres responsables continuent d’affirmer sur la place publique que les mines du Québec sont déjà « les plus vertes » au monde, alors que c’est tout simplement faux », dénonce Ugo Lapointe, co-porte-parole à la Coalition Québec meilleure mine et coordonnateur du programme national à MiningWatch Canada.

Les organismes réagissent vivement aux propos de monsieur Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui laisse entendre que les mines sont déjà bien encadrées et qu’il n’y a aucune modification nécessaire à la loi pour assujettir toute nouvelle mine à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

« On ne peut pas prétendre à une filière de batteries « vertes » si l’un des maillons de la chaîne risque de ne pas l’être. Québec doit absolument exiger des évaluations environnementales du BAPE pour toute nouvelle mine », insiste Diego Creimer, co-directeur par intérim de la Fondation David Suzuki.

Marc-André Viau, directeur de relations gouvernementales chez Équiterre, renchérit : « La crédibilité environnementale de la filière québécoise de batteries dépend des réformes pour assurer une utilisation responsable et durable des minéraux. Elle devra aussi s'arrimer aux enjeux liés à la croissance du parc automobile et de l'aménagement du territoire ».

« Québec doit cesser de se comparer au cancre de la classe, notamment selon ses propres dires la Chine, pour justifier ne rien faire pour changer les pratiques ici. Cette logique du nivellement vers le bas nous conduirait droit dans le mur », ajoute M. Lapointe.

Dans une récente lettre acheminée au gouvernement, les organismes posent 3 conditions incontournables à mettre en œuvre dans les secteurs des mines et des transports afin de véritablement réduire l’empreinte environnementale d’une filière des batteries:

  1. Réduire à la source : Électrique ou non, un véhicule moyen contient l’équivalent de 10 000 téléphones cellulaires en minéraux et matériaux de toutes sortes. Québec doit non seulement investir dans le recyclage et l’économie circulaire des minéraux, mais il doit surtout s’attaquer à la surcroissance du nombre de véhicules sur nos routes, qui dépassent maintenant les 5.5 millions de véhicules. Les mesures annoncées dans le Plan sont beaucoup trop timides (voir nos solutions).

  2. L’urgence de renforcer l’encadrement environnemental des mines: L’extraction minière génère des quantités phénoménales de déchets solides, en augmentation de 300% depuis 15 ans au Québec. Alors que les coûts associés au nettoyage des sites miniers abandonnés dépassent déjà les 1,2 milliard $, plusieurs projets suscitent actuellement des préoccupations majeures. Québec doit interdire la destruction de cours d’eau pour y déverser des résidus miniers, tout en exigeant que toute nouvelle mine passe par des évaluations environnementales du BAPE. Québec doit sévir contre les cas de pollution minière et remplacer la simple directive environnementale en un règlement qui a force de loi.

  3. Protéger les milieux sensibles et l’acceptabilité sociale : Les modifications apportées à la Loi sur les mines en 2013 sont insuffisantes. D’un simple clic en ligne, tout promoteur minier peut acquérir, encore aujourd’hui, un claim minier sur le territoire du Québec avec moins de 35$. Des 37 MRC et villes qui ont demandé la mise en place de Territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM) depuis 2016, à peine 30% ont réussi, faute de souplesse de la loi. En début d’année, Québec s’était engagé à revoir la désuète Loi sur les mines. Québec doit également élargir les critères d’application des Territoires incompatibles avec l’activité minière, tout en s’assurant du respect des populations locales et des droits autochtones.

Rappelons que le 30 septembre 2020, le président Trump a signé un décret présidentiel visant à accroître l'indépendance des États-Unis vis-à-vis d’États comme la Chine en matière de minéraux critiques. Plus tôt cette année, le Canada et les États-Unis ont conclu une entente de collaboration en matière d'approvisionnement de minéraux critiques.

POUR INFORMATION

  • Ugo Lapointe – Québec meilleure mine – MiningWatch Canada – 514-708-0134
  • Diego Creimer – Fondation David Suzuki – 514-999-6743
  • Anthony Côté-Leduc – Équiterre – 514-605-2000

Projets de graphites dans les Laurentides, l’Outaouais:

  • David Pharand – Maire de Duhamel, responsable du dossier à la MRC – 819-981-0308
  • Tom Arnold et Dennis Fillion – Maire et Pro-Maire de Grenville-sur-la-Rouge – 514-663-9112
  • Louis St-Hilaire – Association pour la protection des lacs de la Petite-Nation – 514-591-9167

Projet Nouveau Monde Graphite (Lanaudière)

  • Gilles Cartier – Association pour la protection du Lac Taureau – 514-212-2112, 514-973-5187
  • May Dagher – Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie– 438-820-5800

Projet Sayona Mining Lithium (Abitibi-Témiscamingue)

  • Rodrigue Turgeon – Comité citoyen de protection de l’esker – 819-444-9226
  • Marc Nantel – Regroupement vigilance mines de l’Abitibi-Témiscamingue – 819-734-7981
  • Henri Jacob – Action boréale – 819-738-5261

Projets Champion Iron et Tata Steel (Côte-Nord)

  • Marc Fafard – SISUR et actuel président de l’Organisme de bassins versants Duplessis – 418-961-3517
  • Rebecca Pétrin – Eau Secours – 514-246-9075