Perspectives pour les obligations au niveau mondial - des nuages noirs s'amoncèlent au-dessus des valeurs à revenu fixe

Le climat de tranquillité dont jouissaient les investisseurs en valeurs à revenu fixe appartient désormais au passé et va céder la place à un climat d’investissement plus houleux, écrit Bob Jolly, macrostratégiste chez Schroders dans Outlook 2019 - Global Bonds.

  • Le calme et la faible volatilité qui ont caractérisé les marchés obligataires après 2008 sont perturbés par des changements de politique monétaire et des facteurs géopolitiques.
  • Le tableau est mitigé : les États-Unis continuent leur croissance (positif), les consommateurs n'ont pas recours excessivement à l'emprunt (neutre), mais les hausses de cours se stabilisent (négatif).
  • Les pays et les entreprises fortement endettés sont vulnérables

    La fin de la tranquillité

    Après 2008, les marchés des valeurs à revenu fixe ont évolué tranquillement, avec une faible volatilité, grâce aux banques centrales qui ont étouffé dans l'œuf la moindre bouffée d’angoisse sur les marchés financiers. Les taux d'intérêt sont descendus à un niveau historiquement bas, les banques centrales ont alourdi leur bilan avec l'assouplissement quantitatif, qui a en fait consisté à faire tourner la planche à billets pour acheter des obligations sur les marchés.

    Les banques centrales et leurs presses à billets ont largement soutenu l’économie. Il n'est donc pas surprenant que les chocs politiques et économiques d’une certaine ampleur n'aient pas suscité chez les investisseurs les vives inquiétudes auxquelles on pourrait s'attendre en cas d’augmentation de la volatilité.

    Mais qu'est-ce qui a changé ?

  • D’une période de chômage élevé, on est en train de passer actuellement à une pénurie de main-d'œuvre à l'échelle mondiale.
  • Les banques centrales sont convaincues que l'assouplissement quantitatif a fait son temps et que les taux d'intérêt doivent remonter.
  • Les gouvernements sont plus enclins à assouplir leur politique budgétaire.
  • L’on voit apparaître des tendances protectionnistes.

    Et pour la suite?

    Après une décennie d'assouplissement monétaire extrême, il n'est pas surprenant que les marchés connaissent quelques turbulences en réaction à un ajustement de cette politique monétaire accommodante. Les actifs à risque en pâtissent, surtout les actions. Pour la suite, Bob Jolly distingue des évolutions positives, neutres et négatives.

    La bonne nouvelle

    L'expansion de l'économie américaine semble se poursuivre plus longtemps que prévu. Schroders pense que la productivité pourrait encore augmenter davantage aux États-Unis. Il s’ensuivra une hausse des taux d'intérêt, mais cela suggère également que la croissance pourrait être plus forte. De plus, l'évolution positive de la productivité ne se limitera pas forcément à la plus grande économie du monde.

    La nouvelle neutre

    Les consommateurs font des choix avisés par rapport à la croissance économique. Après une longue période de croissance et dans la phase finale du cycle économique, les excès ne sont pas rares, mais tel n’est pas le cas pour l’instant. L'emploi et la croissance du salaire moyen restent à un niveau raisonnable et ne dérapent pas. L'inflation augmente légèrement, mais on ne distingue aucun signe révélateur d’excès à ce niveau.

    La mauvaise nouvelle

    Les prix des actifs ont augmenté à un rythme soutenu au cours des cinq à dix dernières années, mais ce rythme ne se maintiendra pas. À la suite de la normalisation de la politique monétaire, les actifs devront à nouveau être valorisés sans le soutien des banques centrales. Cela pourrait entraîner des ajustements significatifs. Les marchés seront plus volatils, les défauts de paiement augmenteront et les risques devront à nouveau être pris en compte. Il faudra donc revenir sur terre, en particulier dans les régions où l’endettement a atteint des niveaux records.

    Même si les prix des actifs n'en pâtiront pas nécessairement, cela peut signifier la fin de la stratégie des achats à long terme. Schroders distingue des opportunités considérables pour une approche plus active, non seulement dans le secteur des valeurs à revenu fixe, mais peut-être aussi dans d'autres catégories d'actifs.

    Selon Bob Jolly, une approche active sera plus propice pour saisir les opportunités qui se présentent non seulement pour les investissements obligataires, mais aussi dans d'autres classes d'actifs.