Une nouvelle ère pour les actions japonaises ?

Par Johan Du Preez, responsable des actions japonaises chez M&G

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Johan Du Preez
Une stratégie Value s'est avérée être une stratégie rentable sur le marché boursier japonais jusqu'en 2016. Depuis lors, les valeurs de croissance ont attiré une nette prime, les investisseurs préférant se concentrer sur les thèmes structurels de la robotique japonaise, les semi-conducteurs et la demande croissante des consommateurs asiatiques.

Les investisseurs refusent obstinément d’accepter que la mention " Japan Inc. " puisse devenir synonyme de rentabilité après des décennies d'inefficacité des entreprises, ignorant les preuves de plus en plus évidentes du contraire. L’étude des marges sous-jacentes de ces sociétés à grande capitalisation axées Value révèle que cette méthode de pensée pourrait être dépassée. Depuis leur plus bas niveau de 2008, les marges d'exploitation des grandes entreprises (hors services financiers) ont enregistré des progrès constants. Dans de nombreux cas, la croissance médiane des bénéfices des actions Value s'est avérée supérieure à celle des valeurs de croissance. Au cours des trois dernières années, les actions du quintile supérieur (valeurs de croissance) ont produit une croissance médiane du bénéfice par action (BPA) de 6,8 %. En comparaison, les actions du quintile inférieur (généralement les actions Value) ont affiché une croissance plus élevée de 7,5 % au cours de la même période1.

Il semblerait que le lien entre la croissance des bénéfices et la croissance du cours de l'action se soit rompu. À l'heure actuelle, les cours des actions n'ont même pas atteint 60 % de leur sommet de 1989. Pourtant, les bénéfices des sociétés sont maintenant deux fois plus élevés qu'en 1989.

De nouvelles opportunités négligées par le marché

Pour les investisseurs qui croient que le Japon peut faire de réels progrès sur le front de la rentabilité des entreprises, il y a des opportunités à saisir. Une meilleure gouvernance d'entreprise contribue à l'amélioration des résultats financiers. Dans l'ensemble, le rendement des capitaux propres a augmenté de manière significative ; tant les distributions de dividendes que les rachats d'actions atteignent des sommets historiques. Nous commençons à voir une plus grande volonté de la part des gouvernances des entreprises de s'engager auprès des investisseurs.

Toutefois, de nombreux investisseurs ne sont toujours pas convaincus, soulignant les inefficacités des décennies précédentes où le meilleur moyen de diriger une entreprise était d'accumuler le plus d'argent possible dans le bilan. Il en résulte que, si les entreprises japonaises ont réalisé ces changements positifs et ont surtout rattrapé les autres marchés développés en termes de rendement pour les actionnaires et de marges d'exploitation, la moitié des entreprises japonaises se négocient encore en dessous de leur valeur comptable tangible, contre environ 20% des entreprises européennes et moins de 10% des entreprises américaines2. En tant qu'investisseurs à long terme, nous y voyons de nombreuses opportunités d’investissement. =

La société bien connue Hitachi est un bon exemple. Outre ses activités dans le domaine de l'électronique, le groupe possède également des filiales dans un grand nombre d’autres activité. Afin d'accroître sa rentabilité, la société s'est engagée dans une stratégie de désinvestissement des unités d'affaires périphériques non rentables afin de se concentrer sur des secteurs d'activités plus rentables et plus essentiels. Elle a déjà vendu des activités périphériques dans des domaines tels que la finance, la logistique et les outils électriques, et continue de rationaliser ses activités pour se concentrer sur celles qui peuvent générer des synergies de coûts et accroître sa rentabilité.

¹ Source : Datastream, avril 2019. Index : TOPIX
2 Source : CLSA, Bloomberg, mars 2019. Indices : Japon (TOPIX), Allemagne (CDAX), France (CAC All Tradable), Royaume-Uni (FTSE All Share), États-Unis (S&P 1500)