Des données économiques et financières dans l’ensemble rassurantes

Par Florent Delorme, macro analyste chez M&G Investments

De nombreux chiffres ont été publiés ces dernières semaines s’agissant de l’état de l’économie mondiale et des entreprises. Ils brossent un portait plutôt satisfaisant de la situation même si quelques zones d’ombre demeurent.

Une économie américaine en bonne santé

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Florent Delorme
Aux USA la saison de publication des résultats des entreprises bat son plein et pour l’instant ces publications n’ont dans l’ensemble pas déçu les marchés. Sur les 500 entreprises que compte le S&P500, 413 ont à ce jour communiqué leurs résultats pour le premier trimestre 2019 et en moyenne le bénéfice par action (BPA) a été supérieur aux attentes des analystes (+6,27%) avec plus de 70% des entreprises battant le consensus. Ce BPA a progressé en moyenne de 1,83% par rapport au premier trimestre de l’année 2018. Les publications des secteurs Télécommunications, Services aux consommateurs et Financières ont en particulier favorablement surpris.

Pour illustrer notre propos, retenons les chiffres de quelques valeurs emblématiques de la cote américaine qui ont annoncé un bénéfice par action plus élevé que ce qu’attendait le marché : Ford (+71,9%), General Electric (+57,3%), Amazon (+51,9%), Lockheed Martin (+37,9%), Netflix (+31%), General Motors (+28,2%), Estee Lauder Cos. (+19,2%), Facebook (+16, 7%), Merck KGaA&Co (+16,1%), Paypal (+15%), Goldman Sachs (+14,9%), Morgan Stanley ( +14,1%), Microsoft (+13, 9%), Xerox (+13,7%), Texas Instrument (+11,7%), Pfizer (+11,7%), JP Morgan (+9,9%), Philip Morris International (+9,3%), Whirlpool (8,6%), Bank of America (+8,2%), Citigroup (+4%). A l’inverse d’autres entreprises ont déçu comme Wells Fargo (-7,7%), 3M (-10,3%), Motorola Solutions (-18,5%) ou Exxon Mobil (-23,1%) mais sans que cela remette en cause un sentiment d’ensemble positif.

S’agissant des publications macroéconomiques, la bonne surprise est venue du Produit Intérieur Brut (PIB) au premier trimestre qui a cru de 3,2% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, ce bon résultat s’expliquant notamment par l’amélioration de la balance commerciale du fait de la baisse des importations en provenance de Chine et de la hausse des exportations. La forte progression des stocks a également été un contributeur important. Ce dernier élément sera sans doute moins favorable au second trimestre. Par ailleurs les dépenses de consommation ont bien rebondi en mars (+0,9% par rapport au mois précédent) alors qu’elles n’avaient cru que de 0,1% en février. Enfin, au mois d’avril, l’économie américaine a créé 263 000 emplois alors que le consensus n’en attendait que 185 000. Ainsi tant les résultats des entreprises que les derniers indicateurs économiques prêtent à l’optimisme.

De bons chiffres en provenance de Chine

Partant de 50,7 en février, l’indice Purchasing Managers Index (PMI) Markit composite chinois a atteint 52,9 en mars et 52,7 en avril, signe que la conjoncture s’améliore dans l’Empire du Milieu. La croissance du PIB au premier trimestre (+6,4% en rythme annuel) a positivement surpris. Enfin de nombreux indicateurs pour le mois de mars ont été supérieurs aux attentes avec des progressions sur un an très confortables : production industrielle (+8,5%), investissement (+6,3%), ventes de détail (+8,7%), investissement immobilier (+12%). Quant à la progression du crédit à l’économie (prenons l’indicateur le plus complet, le Total Social Financing ou TSF), elle rebondit avec une croissance de +10,7% sur un an. Les mesures de stimulation mises en place depuis plusieurs mois semblent porter leurs fruits.

Une économie européenne encore fragile

La croissance du PIB de la zone euro au premier trimestre a surpris positivement avec une progression de +0,4% par rapport au trimestre précédent contre +0,2% au dernier trimestre 2018. A noter la sortie de récession de l’Italie (croissance +0,2%) et le très bon chiffre espagnol (+0,7%) qui masquent les déceptions française (+0,3%) et sans doute allemande (chiffre à venir vers la mi-mai).

Du côté des indicateurs d’activité, la morosité est toujours là avec un PMI Markit industriel pour l’Eurozone qui s’établit en avril à 47,9 après 47,5 en mars. Du côté des services la publication d’avril est de 52,8 après 53,3 en mars. On comprend pourquoi la commission européenne revoit ce jour à la baisse ses prévisions de croissance pour 2019 en zone euro de 1,3 à 1,2%. Ces chiffres encore fragiles pourraient néanmoins se redresser si l’amélioration de la conjoncture en Chine se confirmait.

Les publications des résultats d’entreprises pour le premier trimestre débutent et à ce stade rien de très inquiétant puisque de belles entreprises tirent leur épingle du jeu avec des BPA supérieurs aux attentes : BNP Paribas (+16,1%), Philips (+15,2%), Volkswagen (+11,4%), Daimler (+9,7%), SAP AG (+8,7%), Sanofi (+7,3%), Bayer (+3%). Mais ces publications ont aussi été l’occasion de déceptions : Airbus (-20,7%), Société Générale (-7,8%), Banco Santander (-7,5%), Eni (-6,7%), Total (-5,9%), Banco Bilbao (-1,8%).

Le regain des tensions commerciales peut-il obscurcir l’avenir ?

Le panorama d’ensemble est donc positif puisque les deux principales économies de la planète se comportent correctement et les publications de bénéfices aux USA ont rassuré les investisseurs. Les récentes déclarations de Trump à propos de la mise en place surprise et imminente de nouveaux droits de douanes sur certaines importations en provenance de Chine sont-elles de nature à remettre en cause l’optimisme des marchés ? Il nous semble qu’un accord commercial entre les USA et la Chine verra le jour tant les deux partis ont besoin d’avancer sur le sujet. Des soubresauts sont possibles mais la sortie par le haut demeure plus que jamais très probable. Il n’y a pas suffisamment d’éléments pour renoncer à l’investissement en actifs risqués.

Données : source Bloomberg / Reuters