Schroders: seuls des changements en profondeur permettront au secteur de l’aviation d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’aviation augmentent très rapidement par rapport aux autres secteurs. À l’heure actuelle, le secteur de l’aviation représente 2 à 3% du total des émissions de gaz à effet de serre. Si le secteur ne fait rien et que la croissance de ses émissions se poursuit au même rythme, sa quote-part s’élèvera en 2050 à 22% des émissions mondiales. Un changement radical de modèle d’entreprise s’impose selon Belinda Gan, Associate Product Manager, Global Sustainability, chez Schroders .

Il est frappant de constater que l’accord de Paris sur le climat signé en décembre 2015 ne contient aucune référence directe au secteur de l’aviation et aux mesures à prendre par ce dernier. C’est aux organisations interprofessionnelles du secteur de l’aviation, comme l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et l’Association internationale du transport aérien (IATA), qu’a été laissé le soin de proposer un programme de réduction des émissions sur une base volontaire.

Ces dernières années, l’OACI et l’IATA se sont déjà penchées sur la question du climat et elles ont présenté des propositions visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’IATA s’est même fixé l’objectif ambitieux de réduire, à l’horizon 2050, les émissions nettes de CO2 de l’aviation à la moitié du niveau de 2005. On ignore cependant comment le secteur va s’y prendre pour atteindre cet objectif. Compte tenu de la croissance de 3 à 5% enregistrée par le secteur, cela revient à une réduction des émissions de CO2 de l'ordre de 80 à 90%.

Le défi est de taille. La plupart des acteurs du secteur ont promis de faire des efforts, mais ils donnent la préférence à des mesures sur une base volontaire. Le renouvellement de la flotte, l’amélioration de la gestion opérationnelle, les investissements dans l’infrastructure, le progrès technologique et l’utilisation de biocarburants permettront de contribuer largement à la réduction des émissions de CO2, mais l’amélioration de l’efficacité et les mesures d’optimalisation ne suffiront pas à elles seules.

L’ampleur de la réduction des émissions de CO2 qui doit intervenir requiert de repenser entièrement le modèle d’entreprise. La pression dans le sens d’une réglementation plus stricte s’accentuera si les mesures volontaires tardent à venir. À long terme, il faudra des mesures plus radicales. Les sociétés qui ont pris des mesures de manière proactive sont mieux armées pour faire face à la pression croissante en vue de procéder aux changements nécessaires et elles ont une plus grande flexibilité financière.