Embellie en vue pour l’économie européenne

Les perspectives pour l’Europe sont moins sombres que beaucoup d’investisseurs ne le pensent. Une relance des dépenses de consommation européennes est possible, selon James Sym, gestionnaire de fonds Actions européennes chez Schroders.

Accélération de la croissance des salaires

Les ménages américains représentent 70 % de l’économie américaine, tandis que la contribution des ménages à l’économie européenne n’atteint que 45 à 50 %, soit un pourcentage malgré tout considérable. De plus, la situation du consommateur européen est meilleure aujourd’hui qu’au début de la décennie. Par exemple, la croissance des salaires a redémarré en Europe. Alors qu’elle n’atteignait que 1 % à 2 % il y a deux ans, les entreprises parlent aujourd’hui d’une progression des salaires de l’ordre de 3 à 4 %, voire plus dans les marchés de niche. Par ailleurs, comme l’inflation reste limitée, les consommateurs disposent au final d’un pouvoir d’achat plus important.

Les gouvernements dégagent des moyens

Les gouvernements font aussi preuve d’une plus grande flexibilité dans leurs dépenses sous la pression des mouvements populistes. Pour la première fois depuis des années, les dépenses des gouvernements sont à nouveau en hausse. La contribution des dépenses publiques à l’économie se chiffre entre 40 % et 50 %, ce qui veut dire qu’en augmentant leurs dépenses, les gouvernements peuvent donner un sérieux coup de pouce à la croissance économique qui ne dépasse plus 1 à 1,5 %.

Valeurs de consommation et banques sous-valorisées

Quels sont les segments du marché qui peuvent bénéficier de cette reprise ?

  • Les valeurs cycliques liées aux biens de consommation sont actuellement les moins chères du marché boursier. Font partie de cette catégorie le secteur automobile ainsi que ceux des loisirs et du commerce de détail. Ces actions sont en fait tombées en disgrâce parce que les investisseurs estiment que le cycle économique de ces secteurs a déjà franchi son point culminant. Mais cette partie du marché pourrait être un bon terrain de chasse pour les stockpickers.
  • Le secteur financier est également attrayant. Les taux d’intérêt restent à un niveau très bas en Europe, ce qui a dissuadé les investisseurs de se tourner vers le secteur bancaire. Mais pour certaines banques, il n’est absolument pas nécessaire que les taux d’intérêt remontent. Il existe en Europe des banques bien capitalisées qui offrent un rendement de dividende attractif. D’autres banques - en particulier italiennes - représentent en revanche un risque élevé.

    Le conflit commercial demeure un risque

    Le risque de ralentissement de la croissance est une source de préoccupation. Pensez au conflit commercial qui oppose la Chine et les États-Unis. De plus, beaucoup d’industries doivent augmenter leurs investissements pour accroître leur capacité. Leurs marges bénéficiaires sont donc mises sous pression. C’est pourquoi James Sym juge les actions industrielles cycliques moins attrayantes. Une autre raison est que les valorisations dans ce segment du marché se sont largement redressées après la baisse enregistrée à la fin de l’année dernière.

    Chercher des opportunités à contre-courant

    L’Europe est pour l’instant moins populaire auprès des investisseurs, notamment auprès des consommateurs et des banques. Mais cela n’a guère de sens d’investir dans des secteurs qui ont déjà connu une importante hausse de valeur. Les opportunités se situent précisément là où une stratégie à contre-courant permet de déceler des marges d’amélioration. Mais il est essentiel de rester sélectif et de chercher des valeurs offrant un profil de rendement attractif et ajusté au risque.