Crise de confiance

Par Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion par DNCA

Dans un discours devenu mythique dans la politologie américaine, le Président Jimmy Carter exposa en 1979 les maux qui gangrénaient les Etats-Unis en qualifiant la crise du choc pétrolier de "crisis of confidence" (crise de confiance).

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Igor de Maack
En un sens, ce que les nations et les marchés financiers vivent depuis dix-huit mois peut s'apparenter à une véritable perte de confiance dans les fondamentaux qui contribuaient aux équilibres de la globalisation et du multilatéralisme. De plus, l'incurie de certains dirigeants politiques, qui angoissent plus qu'ils ne rassurent, ont provoqué des dégâts non négligeables dans la conscience du consommateur et de l'investisseur. Dans cet environnement la sécurité des placements primait avant tout et les obligations souveraines sont redevenues les seuls placements envisageables. Pourtant, les dernières rencontres avec les managements de sociétés n'ont pas indiqué ni récession imminente ni effondrement du système global. Un ralentissement contenu avec quelques soubresauts dus à des événements externes géopolitiques demeure la thèse centrale à ce stade. Elle permet donc d'envisager des placements à risque (les actions dont les multiples de valorisation sont raisonnables) même si la volatilité de tels placements doit être intégrée dans la prise de décision d'allocation de ses actifs. L'indice de volatilité des marchés (VIX) a perdu presque dix points (de 25 à 16) depuis le mois d'août.

Cette semaine, la détente nous est venue d'Asie et plus particulièrement de Hong Kong où la cheffe d'Etat, Carrie Lam, a retiré sa loi controversée d'extradition et a incité les manifestants à dialoguer. La possible reprise de pourparlers entre la Chine et les Etats-Unis a aussi apporté un peu d'optimisme jusqu'au prochain tweet.... Par ailleurs, la publication de solides créations d'emploi ADP aux Etats-Unis est venue alimenter ce mouvement de rebond. Les positions et arbitrages de ces derniers mois se sont subitement inversés : les taux longs sont remontés, l'or a baissé, le dollar et le yen ont fléchi et les marchés actions européens ont rebondi.

Enfin, les difficultés de Boris Johnson, après ses revers successifs face au Parlement anglais, ont ravivé la perspective d'un Brexit plus "soft" et décalé dans le temps. La livre Sterling a immédiatement réagi en se renforçant contre euro et contre dollar. Sur le continent, la formation d'un gouvernent italien (coalition entre le PD et le M5*) plus euro compatible et pro-européen a aussi repoussé le risque d'une prise de pouvoir par Matteo Salvini dont la rhétorique violente contre les institutions bruxelloises commençait à saper la maigre reprise italienne. Retrouver la confiance, voilà bien le message que ce Président américain sous-estimé nous a envoyé il y a quarante ans, car "confidence has defined our course and has served as a link between generations".