Les écueils sur la voie de la privatisation des infrastructures voulue par Trump

Richard Elmslie, CEO adjoint de RARE Infrastructure (une entreprise du groupe Legg Mason )

Cette semaine, le président Trump a annoncé une semaine consacrée aux infrastructures, qui débute par la privatisation du contrôle aérien. Le problème actuel est lié au très mauvais état des infrastructures dû à leur manque d’entretien. En effet, par tradition, les Américains refusent de payer pour leurs infrastructures. Dès lors, le gouvernement a construit des infrastructures que les Américains n’ont jamais entretenues.

L’administration Trump va être confrontée à trois défis majeurs à mesure qu’elle progressera dans l’élaboration concrète et détaillée des projets... mais il existe aussi des solutions. En outre, les investisseurs privés peuvent aider à aplanir la voie.

Soutien du Congrès

La première condition que Trump devra remplir est d’obtenir l’appui des deux partis. Pour sélectionner les actifs et mettre en place un cadre permettant aux investisseurs privés et en dette privée d’investir dans ces actifs, le gouvernement devra apporter tout son soutien à ces efforts.

Solution : l’administration Trump est bien placée pour relever ce défi parce qu’elle bénéficie d’une partie de l’appui requis. En effet, les démocrates sont intéressés par les projets d’infrastructure. Trump doit trouver un gouverneur, républicain ou démocrate, très désireux d’améliorer les infrastructures dans son État et disposé à tenter une nouvelle approche. Une fois l’aval des deux partis acquis, vous pouvez vous attaquer aux deux défis suivants.

Identifier les bons actifs

Le président Trump a déjà identifié cinquante actifs qu’il considère comme des candidats de choix dans le domaine de l’infrastructure. Toutefois, beaucoup des actifs identifiés par Trump ne sont pas la propriété du gouvernement fédéral. Ils appartiennent aux gouvernements des États, qui ne les céderont pas sans y être incités.

Solution : utiliser une approche locale. Les gouvernements des États savent qu’ils possèdent des actifs en très mauvais état qui doivent être restaurés. Or ils n’ont pas les moyens d’exécuter ces travaux. Il y a un sentiment d’urgence. Beaucoup de ces actifs ont été privatisés ailleurs dans le monde sans encouragements fiscaux, en recourant à la dette privée et aux actions pour les faire passer de la propriété publique à la propriété privée. Il n’y a dès lors aucune raison que l’on ne puisse pas faire pareil aux États-Unis.

Mettre en place le cadre approprié... Qui ne changera pas

Si un investisseur soumissionne la construction d’une nouvelle route ou la réfection d’une route ou d’un aéroport, il veut être sûr que s’il répond à un appel d’offres, la procédure sera respectée, une procédure rationalisée est prévue pour évaluer les offres et adjuger le marché, et une partie se verra attribuer cet actif sans restrictions.

Solution : nombre des actifs identifiés par Trump peuvent être financés par le secteur privé sans avantages fiscaux. Le cadre mis en place dans beaucoup d’autres régions du monde repose généralement sur le principe de la concession. Le gouvernement accorde une concession à un consortium privé en vue de construire ou reconstruire une infrastructure et ensuite d’assurer un certain niveau d’entretien de cette infrastructure pendant une période définie. Sur cette durée, l’opérateur obtient un rendement suffisant proportionnel au risque.

Pour instaurer un paiement, par le biais d’un péage par exemple, une méthode consiste à commencer par un tarif très bas que l’on augmente d'année en année au rythme de l’inflation. Ensuite, il se peut que le tarif augmente de vingt pour cent tous les cinq ans de sorte qu’au bout de vingt ans, l’opérateur obtiendra le rendement de neuf pour cent suffisant pour qu’il mette des fonds propres à disposition pour reconstruire la route.

Dès que l’administration Trump aura à son actif un projet achevé, financé par le secteur privé, je pense que beaucoup de parties différentes voudront participer à de tels projets. Les routes américaines seront ouvertes aux entreprises.