Révision à la baisse des prévisions de croissance pour les économies du groupe BRIC, à l’exception de la Chine

Schroders a revu ses prévisions de croissance à la baisse pour la plupart des marchés émergents. Cette décision n’est pas motivée par une raison en particulier, mais bien par une combinaison de facteurs spécifiques sur les différents marchés. Pensons à la situation politique au Brésil, au pétrole en Russie et à l’incertitude entourant les réformes fiscales en Inde. La Chine est le seul pays pour lequel Craig Botham, économiste chez Schroders et spécialiste des marchés émergents, maintient ses prévisions grâce à la forte croissance enregistrée au premier trimestre.

Il y a cependant un point positif: l’inflation prévue pour les quatre marchés émergents est plus basse à cause notamment de la baisse des prix des matières premières, du ralentissement de la croissance et du niveau étonnamment bas de l’inflation durant le premier trimestre. Craig Botham ne s’attend pourtant pas pour autant à ce que les banques centrales mènent une politique plus accommodante.

La croissance chinoise surprend

Durant le premier trimestre, la Chine a enregistré une croissance supérieure aux prévisions puisqu’elle s’est établie à 6,9% sur une base annuelle. Même si le moteur de la croissance a été l’industrie de fabrication, c’est le secteur tertiaire qui a fait partie des segments de l’économie connaissant la croissance la plus rapide. Voilà qui annonce un glissement dans la bonne direction. Une hausse des taux d’intérêt et une régulation accrue vont faire pression sur l’octroi des crédits en Chine.

Si l’on distingue des signes de désendettement, les crédits continuent néanmoins à croître plus rapidement que le PIB. Craig Botham prédit que le secteur immobilier va connaître des moments difficiles durant la seconde moitié de l’année. Certains secteurs de l’économie réelle sont plus exposés au crédit que d’autres. Outre l’immobilier, Craig Botham pointe aussi l’infrastructure. L’industrie de fabrication est justement moins dépendante de la croissance des crédits.

Encore faudra-t-il voir si un resserrement de la politique monétaire pourra être compensé par une politique budgétaire plus souple. Pour Craig Botham, la charge repose entièrement sur les épaules de l’autorité centrale, parce que les autorités locales réduisent leurs dépenses. La dette nationale offre aux autorités une marge de manœuvre suffisante à ce niveau.

L’instabilité politique menace les réformes au Brésil

Un nouveau chapitre du drame de la corruption au Brésil vient de s’ouvrir. Le président Temer était en bonne voie pour mettre en œuvre les réformes tellement nécessaires des pensions et du marché du travail. Mais le risque est bien réel que l’on assiste à un retour en arrière dans ces deux domaines, maintenant qu’il est, lui aussi, accusé de corruption. Craig Botham constate non sans une certain inquiétude que Lula a de plus en plus de chances de rempiler un nouveau mandat, en dépit des soupçons qui planent toujours sur lui. Le scénario le plus plausible pour Craig Botham est celui d’une passation de pouvoir en toute discrétion: le parlement brésilien désignerait un nouveau président pour achever le mandat de Temer. Mais même ce scénario-là affectera les réformes entreprises. L’instabilité politique risque de faire voler en éclats la fragile confiance qui vient d’être restaurée au Brésil. Ce n’est pas bon pour les investissements.

hLa Russie pâtit de la faiblesse des prix pétroliers

La croissance en Russie durant le premier trimestre a été inférieure aux prévisions de Craig Botham, mais supérieure au consensus du marché. La faiblesse des prix pétroliers met sous pression les investissements et la consommation en Russie. D’où une révision à la baisse des prévisions de croissance. La banque centrale a baissé ses taux d’intérêt plus que prévu pour essayer de stimuler la croissance. Mais compte tenu du bas niveau des taux d’intérêt dans l’économie mondiale, il semble improbable que la banque centrale parvienne à réduire le carry sur le rouble en affaiblissant suffisamment la monnaie. Craig Botham relève que les marchés tablent de plus en plus sur la mise en œuvre de réformes dans l’économie russe, mais il met en garde contre toute attente excessive. Sur l’ensemble des grands plans de réforme des deux dernières années, tout au plus 30% ont été réalisés.

L’Inde se dote enfin d’une législation TVA

Après des années, l’Inde est enfin sur le point d’instaurer une taxe sur les biens et services. Bien que la réglementation ne soit pas encore idéale, c’est un pas dans la bonne direction. À moyen terme, cette législation sera positive pour la croissance en Inde. Mais à court terme, elle peut provoquer des distorsions et freiner la croissance. L’impact de cette taxe sur l’inflation est encore incertain. Mais les chiffres de l’inflation sont jusqu’ici inférieurs aux prévisions et Craig Botham a donc bon espoir que l’impact sera positif. Il table pour l’instant sur une politique inchangée de la banque centrale indienne.