L'impact du Brexit sur le marché boursier britannique

Par Ritu Vohora, Investment Director dans l’équipe actions de M&G

Les rebondissements liés au Brexit et l'incertitude qui en découle ont, à juste titre, déstabilisé les investisseurs. Les actions, les obligations et la livre sterling britanniques ont toutes été malmenées. Les marchés actions britanniques ont fait partie des plus mal-aimés et, sans doute, des plus sous-évalués, offrant des opportunités intéressantes, à condition d’être sélectif et suffisamment diversifié.

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Ritu Vohora
Les marchés actions britanniques ont fait partie des plus mal-aimés et, sans doute, des plus sous-évalués. La victoire écrasante des Conservateurs a apporté davantage de clarté à court terme et a eu pour conséquence un rebond des marchés actions et de la livre sterling. Cette dernière a d’ailleurs été l'indicateur le plus révélateur du sentiment entourant le débat sur Brexit.

L'enquête de janvier de la BofA auprès de gérants internationaux a montré que les investisseurs ont diminué leur sous-pondération structurelle au Royaume-Uni au cours des deux derniers mois, après l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire.

Le Royaume-Uni est aujourd'hui l'un des marchés majeurs les moins chers au monde. Il se négocie avec une forte décote par rapport à ses pairs, soit près de son niveau le plus bas depuis 30 ans.

Rendement en dividendes élevé

Les valorisations relatives semblent peu attrayantes, le MSCI UK se négociant avec une décote de 22% par rapport au MSCI World, ce qui représente le niveau le plus bas depuis 20 ans. Sur la même base, la sous-évaluation relative du Royaume-Uni par rapport à la zone euro est de 8%.

Plus frappant encore, l'écart entre les rendements du gilt et le rendement du marché britannique n'a fait que s'accroître au cours des deux guerres mondiales. Les actions à dividendes britanniques semblent donc aujourd'hui extrêmement favorables par rapport aux gilts. Il s’agit d’une excellente opportunité de trouver des sociétés sous-évaluées versant des dividendes, en particulier pour ceux qui cherchent des revenus dans un contexte de faibles taux d'intérêt.

Parmi les principales régions, les actions britanniques ont le rendement en dividendes et les free cash-flow les plus élevés - le FTSE All Share a actuellement un rendement en dividendes de 4,2%. Plus de la moitié des actions du FTSE 100 ont un rendement en dividendes supérieur à 3% et 20 actions du FTSE 100 ont actuellement un rendement supérieur à 6%.

En outre, les entreprises du FTSE 100 sont beaucoup plus impactées par l'économie mondiale que par celles du marché domestique. Une légère amélioration de la croissance mondiale et une trêve durable des guerres commerciales offrent la possibilité d'acheter des sociétés sous-évaluées sur le marché britannique qui bénéficieront de perspectives plus favorables.

Le marché domestique britannique a encore du chemin à parcourir pour résorber la sous-performance enregistrée depuis le référendum de 2016 et reste plus attractif que les exportateurs (FTSE100). Les actions domestiques se négocient à près de 20% de moins que les actions exportatrices. Premier risque : conclure un accord sur le Brexit Davantage de visibilité sur la relation future avec l'UE et une croissance domestique modeste pourraient servir de catalyseur au marché britannique pour combler l'écart de valorisation. La prochaine phase de Brexit restera difficile, car il reste quelques mois de négociations difficiles à mener sur la nature des futures relations avec l'UE. Il est probable que la prime de risque sur les actions va diminuer maintenant que le résultat des élections est connu. Cependant, les inquiétudes sur le Brexit restent fondées tant qu'un accord n'aura pas été conclu, ce qui signifie que la prime de risque restera sûrement élevée. En outre, l'économie britannique a été plongée dans un climat d’incertitude ravageur, et son retrait de l’UE ne va rien arranger, même si un accord est conclu. Des reports supplémentaires sur l’accord du Brexit risqueraient de retarder encore les investissements des entreprises et la livre sterling pourrait être affectée par la nature exacte de l’accord. Une bonne partie des investissements pourrait rester en suspens pendant la négociation des accords commerciaux. Cependant, des chiffres encourageants ont été publiés pour le secteur de la construction de logements, de la création d'emplois, des PMI et des intentions d'investissement.

Deuxième risque : les revenus

Un risque important concerne également la faiblesse des revenus. Si les revenus se maintiennent, les perspectives d'amélioration devraient être nombreuses. Avec environ 70 % des revenus du FTSE 100 générés à l'étranger, les bénéfices du Royaume-Uni jouiront d'une amélioration de la croissance économique mondiale, elle-même supérieure à celle du Royaume-Uni. Dans l'éventualité d’un accord à l'amiable conclu d'ici la fin de 2020, la baisse de la livre sterling augmenterait considérablement les bénéfices rapatriés de ces sociétés, aidant ainsi les plus importantes ayant une exposition internationale d’envergure à faire mieux que les sociétés plus petites et plus exposées au niveau national.

A court terme, les dépenses budgétaires et autres initiatives politiques sont susceptibles de donner un coup de fouet à l'économie. Ceci, combiné à une hausse anticipée de la livre sterling, devrait aider les actions britanniques orientées sur le marché domestique à surperformer les actions internationales de grande capitalisation.

Bénéficiaires de l’accord sur le Brexit

Une meilleure visibilité sur l’accord du Brexit pourrait permettre aux acteurs nationaux, notamment les banques britanniques, les constructeurs de logements, les consommateurs, les services publics et les professionnels de l'immobilier, d’en tirer davantage parti, étant donné leur exposition plus importante au marché domestique britannique que celle d'autres secteurs. Les services publics ont déjà bénéficié de la réduction du risque politique intérieur d'un gouvernement dirigé par Corbyn.

Les banques nationales britanniques seront certainement parmi les principales bénéficiaires de l’accord sur le Brexit. Dans un environnement de taux bas et modérés, les marges des banques ont été mises sous pression. Une plus grande clarté pourrait entraîner une reprise de l'activité et, si les taux recommencent à augmenter, soulager la pression sur les marges.

Comme toujours, il est important d'être sélectif dans la recherche d'opportunités sur les actions britanniques, car les problèmes structurels auxquels sont confrontées certaines de ces entreprises pourraient les laisser dans des "value trap". Il est important de rechercher des entreprises qui présentent des bilans solides, un bon free cash-flow et des modèles économiques robustes.