Opportunités en marchés émergents : actions chinoises

Par Robert Secker, Investment Director dans l’équipe actions de M&G

Le marché chinois a étonnamment bien résisté depuis le début de cette crise, c’est même l’un des marchés actions les plus performants au monde, ce qui est surprenant dans la mesure où le virus y a pris naissance et que l’économie chinoise a toujours été perçue comme un indicateur indirect de la croissance économique mondiale.

Robert secker
Robert Secker
Le marché national (indice CSI 300) a enregistré de bien meilleures performances en valeur relative depuis son pic de janvier. L’indice MSCI China, qui est peut-être plus représentatif de ce à quoi les investisseurs internationaux peuvent accéder, a chuté d’environ 20 %, surperformant ainsi aisément l’univers plus large des marchés émergents (indice MSCI Emerging Markets), ainsi que l’Asie (indice MSCI Asia Pacific ex Japan) et le Japon (indice TOPIX).

Pour quelle raison ? Premièrement, le marché chinois est l’un des marchés actions les plus tournés vers le marché intérieur au monde avec environ 90 % des chiffres d’affaires générés par des entreprises nationales. Deuxièmement, les indices chinois (à l’exclusion des actions de catégorie « A »/de l’indice CSI 300) sont très fortement influencés par deux sociétés, Tencent et Alibaba (cotées à Hong Kong et aux États-Unis). Elles représentent environ un tiers de l’indice et se sont très bien comportées. Toutefois, si l’on regarde au-delà de ces deux valeurs, la plupart des entreprises et des secteurs en Chine se sont mieux comportés que leurs homologues des pays développés, et ce, grâce aux rapides mesures correctrices prises pendant la crise et à un facteur technique : le marché des actions de catégorie « A » n’est réellement accessible qu’aux investisseurs nationaux. Les investisseurs nationaux chinois ont peu d’endroits où placer leur argent et ne peuvent pas le sortir du pays. Aussi, compte tenu du coup de pouce budgétaire qu’ils ont reçu, il y a de fortes chances qu’une grande partie de cet argent ait fini par être placé sur le marché actions.

Nous pouvons également voir l’évolution de la composition du marché chinois avec le temps - il est beaucoup moins « cyclique » que par le passé au regard des pondérations minimes des secteurs de l’énergie ou des matériaux. Cela explique, une fois de plus, sa résistance durant cette correction des marchés.

Valorisation bien supérieurs aux points bas précédents

La Chine reste à des niveaux de valorisation bien supérieurs aux points bas précédents - cependant, les entreprises sur le marché chinois sont aujourd’hui très différentes de celles du passé. Si l’on examine l’indice MSCI China sur la base du ratio cours/bénéfice (PER) à 12 mois, le marché s’établit à un niveau supérieur de 32 % à celui qui était le sien lorsque la bulle technologique a éclaté et de 40 % à celui qui était le sien à son point bas après la crise financière mondiale. Ce faisant, dans l’ensemble, il présente actuellement un PER prévisionnel de 34 % supérieur à sa valorisation moyenne la plus basse [1].

Compte tenu de la résistance de la Chine au cours de cette période, les investisseurs sur les marchés émergents attentifs aux niveaux de valorisation pourraient chercher à prendre une partie de leurs bénéfices sur ces actions plus résistantes et réinvestir le produit dans d’autres segments de l’univers des marchés émergents ayant été victimes de lourdes chutes des cours. Comme toujours, une judicieuse sélection de valeurs demeure cruciale.