La croissance et l’inflation repartent à la hausse, le scénario Boucle d’Or s’estompe

Keithwade
Keith Wade

L’économie mondiale enregistre son rythme de croissance le plus rapide depuis 2011 et cette reprise est de plus en plus synchrone à l’échelle mondiale. Keith Wade, économiste en chef chez Schroders , y voit une raison suffisante pour revoir à la hausse les prévisions de la croissance mondiale de 2018 qu'il estime à 3,2%. Après ce pic, la croissance redescendra à 3 % en 2019.

Le scénario Boucle d’Or perd-il de son éclat?

Toute la question est de savoir si la reprise robuste alimentera aussi l’inflation, avec pour conséquence un resserrement de la politique monétaire. Jusqu’ici, l’accélération de l’activité n’a pas encore fait repartir l’inflation à la hausse, mais il est permis de se demander si le scénario Boucle d’Or - celui d’une croissance forte accompagnée d’une inflation faible - va se poursuivre.

La reprise économique mondiale concerne tant les économies développées que les économies émergentes. Le taux de croissance prévu pour l’économie américaine en 2018 a été revu à la hausse de 2 % à 2,5 %, tandis que celui de la zone euro a été relevé de 2 % à 2,3 % et celui du Japon de 1,5 % à 1,8 % (contre 1,5 % précédemment). Les prévisions de croissance pour les marchés émergents ont été portées à 4,9 % (au lieu de 4,8 % initialement).

Keith Wade a revu légèrement à la hausse le taux d’inflation prévu pour 2018 et table désormais sur 2,3 % à cause de l’augmentation des prix du pétrole et des matières premières et de la hausse des prix à la production. Keith Wade pense que les forces cycliques poussent l’inflation américaine à nouveau vers les 2 %. Le retard entre la croissance et l’inflation est considérable et la reprise de l’activité économique en 2017 va entraîner une accélération de l’inflation en 2018. Voilà pourquoi Keith Wade pense que l’effet Boucle d’Or va s’estomper et que l’économie mondiale va entrer dans une phase de croissance plus forte, mais aussi d’inflation supérieure aux prévisions.

La politique monétaire bascule vers un resserrement

Il en résulte un risque de resserrement de la politique monétaire. Keith Wade table sur trois hausses des taux d’intérêts en 2018 après une première modification ce mois-ci. Le taux directeur sera de 1,5 % fin 2017 et de 2,25 % fin 2018. Il augmentera ensuite une dernière fois en 2019 pour s’établir à 2,5 %.

Keith Wade prévoit par ailleurs aussi que la BCE va mener une politique moins accommodante que ce que l’on pense. La croissance et l’inflation seront suffisamment robustes pour permettre de mettre un terme à la politique d’assouplissement quantitatif dès septembre 2018. Une première hausse des taux d’intérêts interviendrait alors en Europe en 2019.

La Banque du Japon est également sur le point de changer son fusil d’épaule. La Banque du Japon va relever l’objectif pour les taux à dix ans sous l’effet d’une croissance économique robuste. Bien qu’il s’agisse d’une étape modérée, les marchés vont ressentir la chose comme un point de basculement vers une politique plus stricte.

Scénarios de reflation

Keith Wade a adapté les scénarios applicables à l’économie mondiale aux risques extrêmes qu’il pointe dans cette même économie mondiale. Le scénario de reflation surnommé‘global trade boom’, se traduit par une hausse de la croissance et de l’inflation. La reprise entraînera une augmentation des prix des matières premières. Le scénario ‘American fiscal reflation’table sur une impulsion budgétaire allant de pair avec des baisses d’impôt sensibles et une augmentation des dépenses d’infrastructure, ce qui fera rebondir l’inflation. Les effets du scénario ‘American fiscal reflation’se feront ressentir surtout aux États-Unis.

Une activité économique plus forte est aussi une des caractéristiques du scénario ‘productivity revival’, même si dans le cas présent, on n’assiste pas à une accélération de l’inflation parce que la croissance supplémentaire est compensée par une amélioration de la productivité. Ces derniers temps, des signes encourageants indiquent que la productivité américaine s’améliore; ce scénario part du principe que cette tendance va se poursuivre au cours de la période considérée.

Les risques: la déflation et la stagflation

D’un autre côté, Keith Wade se base sur deux scénarios pouvant conduire l’économie mondiale à la déflation: il s’agit des scénarios ‘secular stagnation’ et ‘bond yields surge’. Dans le premier scénario, la reprise cyclique actuelle s’essouffle et l’économie mondiale retombe dans une tendance déflationniste faible. Bien que cela paraisse improbable, il est important de se rendre compte que la croissance économique mondiale se heurte encore à des obstacles structurels considérables (par exemple les taux d’endettement élevés et la détérioration des données démographiques). Le scénario ‘bond yields surge’prévoit un net resserrement des conditions financières dû au démantèlement, par la Fed et la BCE, de leur politique d’assouplissement quantitatif, ce qui donne naissance à un environnement déflationniste.

L’issue des deux scénarios est une stagflation (croissance faible et inflation en hausse): il s’agit des scénarios 'inflation accelerates' et ‘protectionism rises’. Comme son nom l’indique, le scénario 'inflation accelerates’table sur une accélération de l’inflation sur fond de ralentissement de la croissance économique du fait que les banques centrales réagissent en adoptant une politique moins accommodante. Dans le scénario ‘protectionism rises’, les pays relèvent leurs tarifs commerciaux en réponse au protectionnisme accru. Ce relèvement provoque à son tour un ralentissement de l’activité économique et une hausse de l’inflation à mesure que les prix commerciaux et les tarifs à l’importation augmentent.

De Boucle d’Or à la reflation

L’année 2017 a été caractérisée par une croissance constante et une inflation basse: c’est le scénario que l’on appelle ‘Boucle d’Or’. Les choses semblent vouloir prendre un autre tour en 2018. Pour l’année prochaine, Keith Wade s’attend à ce que l’inflation augmente parallèlement à la croissance économique et au resserrement de la politique monétaire. D’après l’analyse des différents scénarios par Schroders , le risque de reflation est plus grand que celui d’aboutir à un environnement déflationniste, étant donné qu’il y a de fortes chances que des mesures de soutien budgétaire soient prises et que l’on assiste à une croissance des échanges mondiaux.

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