Comment investir dans le capital naturel ?

Les investisseurs ne peuvent pas se permettre d'ignorer le capital naturel. Le capital naturel est le stock de ressources naturelles qui, aujourd'hui et à l'avenir, génèrent des produits et services précieux pour l'économie, l'homme et la planète. Les risques financiers et non financiers, tels que le changement climatique et la perte de biodiversité, sont trop élevés, affirme Duncan Lamont, responsable de la recherche et de l’analyse chez Schroders .

Duncanlamont
Duncan Lamont
Les investisseurs peuvent prendre en compte le capital naturel de trois manières :

  • Investissez dans des projets spécifiques qui créent, maintiennent, protègent et améliorent du capital naturel.
  • Tenez compte de l'impact d'un investissement sur le capital naturel dans l’évaluation des risques et de la durabilité de la croissance dans un choix d'investissement.
  • En tant qu'investisseur, engagez le dialogue avec les entreprises pour mieux comprendre la manière dont elles influencent le capital naturel et vous y fier. Vu l’amélioration de la qualité et la disponibilité des données, il est de plus en plus simple de réaliser le deuxième et le troisième point. Le premier point est un défi de plus grande envergure. Les projets qui engendrent une compensation CO2 sont ceux qui retiennent le plus l’attention. Mais un focus sur la compensation CO2 ne doit pas se faire au détriment de projets dans d'autres domaines. Bien qu'il existe des obstacles, des structures de financement innovantes et coordonnées montrent qu'ils ne sont pas insurmontables.

    Les trois principaux obstacles à un investissement dans le capital naturel

    1. Manque de chiffre d'affaires

    Les investisseurs veulent savoir quel rendement financier attendu génère un investissement. Le problème est qu'aucun prix n'est lié à de nombreux avantages que la nature nous procure. Si ces avantages ne sont pas reconnus et tarifés, il devient difficile d’en tirer des revenus.

    C'est une raison importante pour laquelle le secteur privé n'a pris en charge qu’à peine 14 à 20 % du financement mondial de la conservation de la nature. Le secteur public est en grande partie responsable. Les projets qui génèrent une compensation CO2 font exception. Des compensations sont négociées dans l'ambition de ramener les émissions nettes de CO2 à zéro. Et cela peut générer un flux de revenus. Il est également possible d'investir directement dans le capital naturel en compensation d’émissions de CO2.

    2. Projets à petite échelle

    De nombreux projets autonomes sont à petite échelle. Une étude mondiale de la Coalition for Private Investment in Conservation (CPIC) a montré que 70 % de l'ensemble des transactions en 2020 représentaient moins de 1 million de dollars et 85 % moins de 5 millions de dollars. Bien que cette étude menée auprès de 35 participants et 237 deals ne concerne qu’un échantillon, elle confirme les conclusions antérieures sur les petits volumes de transactions. Ces montants et projets sont trop modestes pour les grands investisseurs. La taille s’exprime plus facilement par le biais d’entreprises auxquelles les investisseurs sont exposés ailleurs dans leurs portefeuilles, qu'à travers des projets autonomes dans le domaine du capital naturel.

    3. Manque de données Il peut aussi y avoir de nombreuses variations entre les projets, ce qui est un obstacle à leur consolidation en vue d’obtenir des économies d'échelle. L'absence de données standardisées entrave également la mesure de l’effet.

    On observe des chevauchements et des incohérences, y compris au sein d’un même pays. Il est dès lors difficile, pour les grands investisseurs, d'engager de grosses sommes d'argent, car ils doivent déployer des moyens considérables pour comprendre chaque projet individuel. 70 % des répondants de l'étude CPIC se plaignent que les coûts élevés font obstacle à la quantification de l'impact. Près de la moitié déclarent que l'absence de méthodes de mesure standardisées constitue un défi supplémentaire. Les faiblesses au niveau des données sont également un obstacle à l'évaluation des entreprises sur les marchés publics. Vu la faible traçabilité, les entreprises éprouvent des difficultés à évaluer et gérer leurs chaînes d'approvisionnement. Il est dès lors difficile pour les investisseurs de comprendre leur exposition.

    De meilleures données pour aider les investisseurs durables

    Des données qualitatives, fiables et cohérentes sur le capital naturel sont nécessaires pour surmonter les trois barrières. Elles contribuent à :

  • analyser les projets de manière plus standardisée, réduisant ainsi les coûts de due diligence ;
  • fusionner des projets de petite taille avec des projets similaires à une échelle susceptible de susciter l'intérêt des investisseurs institutionnels ;
  • évaluer les possibilités d'accroître la valeur du capital naturel et son impact ;
  • mesurer les données relatives aux projets et à en faire rapport au niveau du portefeuille ;
  • mener une discussion objective et orientée données entre les différentes parties qui bénéficient du capital naturel.