Keith Wade : Trump jette de l’huile sur le feu, Powell joue le pompier de service

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Keith Wade

Compte tenu des indicateurs qui se maintiennent à des niveaux robustes et de l’assouplissement budgétaire aux États-Unis, Keith Wade, économiste en chef chez Schroders , a revu à la hausse ses prévisions de croissance de l’économie mondiale. Pour cette année, il table sur une croissance de 3,5% (contre 3,3% précédemment). Pour l’année 2019, il a relevé son estimation de croissance de 3% à 3,3%.

L’adoption du nouveau budget fédéral entraînera une augmentation des dépenses publiques américaines de l’ordre de 300 milliards de dollars américains. Du coup, Keith Wade prévoit que l’économie américaine connaîtra une croissance de 3,1% en 2018 et de 2,9% en 2019 (au lieu des 2,5% et 2,2% prévus initialement). Le renforcement de la demande aux États-Unis se traduit par une hausse des chiffres du commerce et de la croissance ailleurs. Keith Wade revoit dès lors aussi ses prévisions à la hausse pour l’Europe, la Chine, les marchés émergents et le Royaume-Uni. Le Japon est le seul pays dont les prévisions de croissance ont été revues à la baisse à cause d’un quatrième trimestre décevant.

Hausse de la croissance = hausse de l’inflation

Vu la phase dans laquelle se trouve le cycle économique, la hausse de la croissance entraînera une hausse de l’inflation, notamment aux États-Unis où la pression s’accumule. C’est pourquoi les prévisions d’inflation aux États-Unis en 2018 ont été relevées à 2,5% (au lieu de 2,1%). Dans ce contexte, Keith Wade tient à présent compte de quatre relèvements des taux d’intérêt par la Fed en 2018 au lieu de trois, et de deux autres en 2019. De cette manière, le taux directeur s’établira à 3% en 2019 (au lieu de 2,5%).

Même si un resserrement de la politique monétaire provoquera sans doute un ralentissement de la croissance économique aux États-Unis en 2019, l’inflation continuera sans doute d'augmenter sous l’effet du ralentissement de l’activité et des prix. D’après les prévisions, c’est à ce moment-là que la réflation va se transformer en stagflation, étant donné que la Fed tentera de maîtriser l’inflation en freinant délibérément la croissance. La réaction des marchés financiers sera sans doute fort différente de celle au récent resserrement, lorsque la hausse des taux d’intérêt avait été considérée comme une confirmation d’un renforcement de l’activité économique.

Double déficit

Une autre conséquence probable de l’assouplissement budgétaire supplémentaire aux États-Unis dans cette dernière phase du cycle sera le retour du «double déficit». Ce terme désigne un déficit budgétaire doublé d'un déficit du compte courant de la balance des paiements. L’on s’attend à ce que le déficit budgétaire qui tourne pour l’instant autour des 4% du PIB atteigne la barre des 5% du PIB l’année prochaine. Dans l’intervalle, le déficit du compte courant qui s’élève à seulement 2% du PIB se creusera sans doute à mesure que la demande américaine augmente par rapport au reste du monde. La dernière fois que l’on a connu un double déficit, c’était sous la présidence de Ronald Reagan; il se disait aussi à l’époque que les baisses d’impôts s’autofinanceraient.

Le protectionnisme neutralise la soupape de sécurité contre l’inflation

Un déficit plus élevé du compte courant de la balance des paiements peut être une bonne chose, lorsqu’il sert de soupape de sécurité contre l’inflation en faisant éponger la demande excédentaire par l’étranger. Les prévisions d’inflation et de taux d’intérêt seraient plus élevées sans cette soupape de sécurité.

Ces effets secondaires sont importants pour le reste de l’économie mondiale et pour les marchés des devises. D’après le FMI, les dépenses budgétaires des États-Unis ont un effet considérable sur les taux de change réels et sur les balances commerciales. Une étude a même montré que le dollar devient plus fort et que les exportations nettes reculent après une annonce importante concernant la politique budgétaire. Par ailleurs, dans le reste du monde, on assiste à une amélioration des balances commerciales et à une dépréciation des différentes monnaies.

La réaction de la Maison blanche face à un raffermissement du billet vert et à une détérioration de la balance commerciale américaine ne fait aucun doute. Contrairement à Ronald Reagan, le président Donald Trump n’est pas un grand partisan du libre marché. Il a promis de débarrasser les États-Unis de leurs déficits commerciaux, notamment avec leur principal partenaire commercial, la Chine. En conséquence, l’aggravation du déficit entraînera vraisemblablement des demandes de mesures protectionnistes pour «corriger» la situation. La soupape de sécurité risque alors d’être neutralisée par une limitation des importations et une hausse plus marquée de l’inflation.

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