Par Jeremy Cunningham, directeur d’investissement chez Capital Group
Les marchés frontières restent une destination relativement inexplorée par les investisseurs. S’ils offrent un éventail d’opportunités aux avertis, leur taille réduite et leur efficacité moindre engend-rent une variété de difficultés et de risques.
Bon nombre de pays émergents traditionnels (Mexique, Russie, Afrique du Sud, etc.) se sont considérablement développés ces dernières décennies, et ont amélioré la stabilité de leurs institu-tions et infrastructures. Il leur sera donc difficile de se développer encore au même rythme. En parallèle, leurs marchés financiers se sont approfondis et les primes de risque ont reculé, ce qui limite les résultats espérés pour les investisseurs. À l’inverse, les marchés frontières (Kenya, Sri Lanka, Bangladesh, etc.) en sont globalement aux prémices de leur développement économique, politique et financier, et partagent la plupart des caractéristiques arborées il y a longtemps par les pays émergents traditionnels.
De tout temps, les marchés frontières ont été faiblement corrélés à leurs homologues déve-loppés et émergents, mais aussi entre eux. Ce phénomène tient en partie à ce que les capitaux qu’ils lèvent proviennent majoritairement d’investisseurs nationaux (plutôt qu’étrangers), que ces investissements ne sont pas gérés passivement, et qu’ils sont moins endettés (et donc moins tribu-taires des fluctuations des devises et des taux d’intérêt) et généralement moins exposés au com-merce mondial.
On constate également des écarts substantiels entre les économies des marchés frontières, qui offrent des opportunités d’investissement différentes. Alors que l’Afrique et le Moyen-Orient re-gorgent de ressources naturelles, la plupart des économies ne sont pas aussi développées. Malgré les opportunités d’investissement prometteuses que ces marchés offrent potentiellement à long terme, il faudra du temps, des efforts et des capitaux pour les aider à bâtir des entreprises ren-tables et en bonne santé.
En conséquence, plus que la conjoncture mondiale, c’est le contexte politique et économique local qui a tendance à freiner les investissements sur les marchés frontières. Il est en effet peu probable qu’un changement de régime politique en Égypte influence les perspectives de l’Argentine.
Alors que tous les investissements s’accompagnent d’un certain niveau d’incertitude, les marchés frontières comportent des risques supplémentaires car, contrairement à leurs homologues plus développés, ils manquent de fonds de pension nationaux, d’infrastructures et de réglementations régissant les marchés financiers. Les risques sont notamment accrus dans les domaines de la poli-tique et de la gouvernance (corruption, agitation sociale, etc.), mais aussi de la cyclicité macroéco-nomique. Ils ont également tendance à être moins liquides que des économies émergentes plus développées, si bien qu’ils peuvent aussi être durement touchés en cas de correction boursière marquée.
C’est pourquoi l’investissement sur les marchés frontières peut présenter des difficultés considé-rables. Cet univers est un groupe bigarré de pays nécessitant une analyse minutieuse. Il est impor-tant de sélectionner les sociétés ou pays engagées sur la voie positive de la réforme, ou d’identifier des sociétés susceptibles de tirer leur épingle du jeu quel que soit leur marché d’origine. Une ap-proche exhaustive et orientée sur le long terme est essentielle pour déterminer la viabilité des opportunités d’investissement sur les marchés frontières.
Les titres de créance ont tendance à offrir une palette plus large, plus accessible et plus variée d’options que les actions des marchés frontières. Les marchés obligataires se développent en effet généralement avant les marchés actions, car dans les phases initiales du développement écono-mique et/ou des marchés financiers d’un pays, les gouvernements bénéficient de taux préféren-tiels par rapport au secteur privé pour lever des capitaux. Moins risqués que les obligations d’entreprise, les emprunts d’État peuvent constituer des opportunités d’investissement at-trayantes sur ces marchés. De plus, les obligations libellées en dollar international sont un moyen éprouvé d’accéder à ces marchés peu développés.
Alors que l’expansion des économies des marchés frontières pourrait être source d’opportunités, leur taille réduite et leur efficacité moindre engendrent une variété de difficultés et de risques pour les investisseurs. Il faut un gestionnaire actif possédant d’une longue expérience de la quête d’opportunités dans les pays en développement et étudiant soigneusement tous les marchés qui sont aux prémices de leur développement. Les marchés obligataires émergents sont un autre moyen efficace de s’exposer indirectement aux marchés frontières.
Basé à Londres, Jeremy Cunningham est directeur d’investissement chez Capital Group, où il tra-vaille depuis deux ans. Avant de rejoindre Capital Group, il a aussi été actif en tant que responsable du développement des affaires obligataires pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA) chez Alliance Bernstein. Auparavant, il était responsable de la gestion des produits chez Schroders . Au bénéfice de 31 ans d’expérience, il a bâti sa carrière au sein de groupes tels qu’INVESCO, J.P. Mor-gan Fleming et Merrill Lynch où il était gestionnaire de portefeuille obligations.
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