Quel est le degré de gravité du cycle de défaut qui frappe le secteur de l’énergie?

Matthew Russell, fund manager chez M&G

A ce jour, les événements de défaut survenus sur le marché américain du haut rendement concernent principalement des entreprises des secteurs de l’énergie et des matières premières. Afin de savoir si cette tendance était vouée à persister, j’ai pris le temps de comparer le cycle de défaut actuel à celui qu’avait connu le secteur américain des télécommunications au début des années 2000. Le nombre de défauts dans le secteur américain des télécommunications a commencé à augmenter au début de l’année 2001 et a atteint un pic douze mois plus tard : plus de 35 % des entreprises de télécommunications du segment du haut rendement ont fait défaut.

Le cycle de défaut qui frappe le secteur américain de l’énergie a commencé il y a environ un an. A la fin du mois de mars, le pourcentage d’entreprises opérant sur le segment du haut rendement du secteur de l’énergie ressortait à 15,2 %. Il y a eu 52 cas de défaut l’an dernier sur le marché américain du haut rendement, dont 26 dans le seul secteur de l’énergie. Pour le moment, le cycle de défaut qui frappe le segment du haut rendement du secteur de l’énergie est moins grave et moins concentré que celui qui avait les télécommunications à l’aube du XXIe siècle. J’ai l’intuition que si les événements de défaut venaient à se multiplier, ceux-ci seraient circonscrits aux seuls secteurs de l’énergie et des matières premières.

Deutsche Bank anticipe une augmentation du nombre de cas de défaut, due au récent resserrement des conditions d’octroi de crédit (y compris la hausse des taux d’intérêt). Ce resserrement intervient après plusieurs années de politique extrêmement accommodante et de taux historiquement bas. Nous partons donc d’une base assez basse. Par ailleurs, compte tenu du décalage temporel entre le resserrement des conditions de financement et l’augmentation des taux de défaut, il nous faudra probablement attendre encore un certain temps avant d’assister à une forte hausse des taux de défaut.

Enfin, je ne pense pas que les tensions qui secouent les secteurs de l’énergie et des matières premières se propageront aux autres secteurs en ce qu’elles sont dues à la faiblesse des cours du pétrole et des matières premières. Or, cette faiblesse des prix devrait profiter aux autres secteurs du marché du haut rendement. La baisse des prix du pétrole devrait également se traduire par une hausse des revenus disponibles des consommateurs, premiers contributeurs à la croissance de l’économie américaine.