Les marchés se laissent-ils vraiment guider par les sondages d’opinion concernant le Brexit?

À l’approche du référendum britannique sur la sortie éventuelle de l’Union européenne, les sondages se multiplient dans les médias. Marcus Brookes, Responsable Multi-Manager chez Schroders , examine l’impact de ceux-ci sur les marchés. Jusqu’ici, les mouvements enregistrés sur les marchés ne sont pas vraiment conformes aux prévisions. Nous entrons à présent dans une période plus intéressante qui pourrait être marquée par des fluctuations importantes.

De l’avis général, les sondages ne sont pas fiables et il est plus prudent de se baser sur les prévisions des bookmakers. Les sondages donnent le Brexit et le Bremain au coude-à-coude, mais les bookmakers tablent sur une nette victoire des partisans du maintien au sein de l’Union européenne. Certains indices donnent toutefois à penser que cette fois-ci, les sondages sont près de la vérité.

Mouvements inattendus sur les marchés

Quelles sont les implications pour les marchés? Les réactions des marchés ne sont pas conformes aux attentes, comme le fait remarquer Marcus Brookes. L’opinion dominante sur le marché des changes est que la livre sterling est en train de se tasser à cause des craintes de voir le camp du Brexit l’emporter. Mais la monnaie s’est déjà affaiblie durant les mois qui ont précédé la campagne pré-référendum. Les marchés obligataires ont la conviction qu’une sortie de l’Union européenne serait néfaste pour les obligations d’État et les obligations des entreprises. Pourtant le taux à dix ans sur les Gilts a diminué depuis que le Brexit gagne du terrain dans les sondages. C’est plutôt inattendu.

L’avis dominant sur les marchés des actions est que les entreprises britanniques cotées en bourse qui courent des risques sont surtout celles qui génèrent leur chiffre d’affaires au Royaume-Uni. Il n’est pas simple de dissocier la Bourse britannique des grandes tendances mondiales, mais la faiblesse actuelle du FTSE 250 et du FTSE Small Cap est imputable en partie à leur forte exposition aux entreprises britanniques actives à l’échelle nationale. En revanche, la situation profite depuis peu au FTSE 100 qui se compose d’entreprises actives à l’échelle internationale. Ce sont notamment les entreprises liées aux matières premières qui s’en sortent bien. Mais cette tendance s’observe à l’échelle mondiale et pas uniquement au Royaume-Uni.

D’après une étude du Financial Times, les banques, les commerces de détail et les entreprises de la construction seraient les victimes potentielles d’un Brexit. Pourtant, ces secteurs ont déjà enregistré un net recul cette année. Le pessimisme aura sans doute déjà été pris largement en compte. Ces éléments peuvent aussi être autant de signes d’un sérieux ralentissement de l’économie britannique, indépendamment du référendum.

Voilà seulement que la situation devient intéressante pour le marché

La discussion autour du référendum sur la sortie éventuelle de l’Union européenne dure déjà depuis des mois et beaucoup au Royaume-Uni la jugent peu inspirante. Les deux camps manquent d’arguments solides. Nous entrons dans une période intéressante parce que les marchés financiers vont réagir plus souvent et de manière plus marquée aux données qui leur parviennent.

En cas de Brexit, on risque d’assister à d’importants glissements dans les actifs financiers, alors que les secteurs que tout le monde s’accorde à désigner comme des victimes potentielles sont déjà à la traîne depuis un certain temps. D’un autre côté, ils peuvent naturellement s’affaiblir encore davantage et il convient d’en tenir compte.