A qui profite le Brexit?

Filip Bruynooghe , Head of Security Analysis, CapitalatWork

Le résultat inattendu du référendum en faveur du Brexit a secoué les marchés boursiers mondiaux avec en parallèle, la Livre Sterling qui s’est fortement dépréciée par rapport aux autres devises. Alors que les banques et les valeurs cycliques semblent être parmi les grandes perdantes, quelles entreprises seraient susceptibles de tirer parti de ce Brexit?

Bien qu’aujourd’hui, les conséquences économiques du Brexit restent encore très incertaines, l’impact immédiat sur les bénéfices proviendra du déclin de la devise locale. Les entreprises britanniques qui exportent des biens et services ou dont une grande partie de l’activité est réalisée à l’étranger, bénéficieront d’un effet devise positif dans la conversion en GBP de leurs ventes générées hors des frontières. Les marges peuvent également augmenter si leurs coûts de production sont majoritairement exprimés en GBP, bien que pour la plupart des sociétés les coûts et les ventes réalisées à l’étranger tendent à s’équilibrer.

Par exemple, le fabricant anglais de spiritueux Diageo réalise une grande partie de son chiffre d’affaires à l’étranger ce qui explique la forte hausse du prix de l’action post-Brexit.

En ce qui concerne l’agence de publicités WPP, 85% de ses ventes se font hors du Royaume-Uni dont 40% aux Etats-Unis. L’effet devise sera donc très positif pour ses ventes et bénéfices libellés en GBP.

L’industrie du tourisme bénéficiera aussi pleinement de la faiblesse du Pound qui attirera beaucoup plus de touristes à Londres. La consommation pourrait aussi augmenter si les Chinois en profitent pour acheter davantage de produits de luxe lors de leurs voyages. D’après un article paru dans Bloomberg, les acheteurs chinois pourraient même épargner jusqu’à 40% sur leurs dépenses en réorientant leurs voyages prévus au Japon vers l’Europe et le Royaume-Uni. Une entreprise du secteur du luxe telle que Burberry en sortirait aussi gagnante.

La Livre Sterling mais également l’Euro vivent une période de faiblesse prolongée, des acteurs défensifs avec une forte activité étrangère tireront donc leurs épingles du jeu, tout comme AB Inbev, Roche ou Frenesius qui possèdent de grandes expositions aux Etats-Unis.

Hormis l’effet devise, la Banque d’Angleterre et la BCE sont aussi susceptibles d’intervenir à l‘avenir et ainsi conserver des taux d’intérêts à des niveaux bas sur une longue période. Le taux allemand sur les emprunts d’Etats à 10 ans a d’ailleurs chuté à un niveau record historique de -0.12%. Les secteurs qui demeurent fortement influencés par des taux faibles sont les secteurs immobiliers, des télécommunications, des infrastructures et le secteur réglementé des services aux collectivités.