Le Brexit reste pour l’heure une abstraction

Marc Craquelin, Directeur de la Gestion d'Actifs, La Financière de l’Echiquier

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Marc Craquelin

A l’exception de la livre, en baisse violente, l’ensemble des classes d’actifs a nettement rebondi après la chute post-référendum. La plupart retrouve, voire dépasse, leur niveau pré-Brexit.

Le rebond des marchés actions est plus rapide que notre anticipation, mais il n’est pas aberrant. Il est probable qu’une partie de la sous-performance constatée depuis le début de l’année entre les actions européennes et les actions américaines reflétait un positionnement fondamentalement prudent des investisseurs avant le référendum.

Le Brexit reste pour l’heure une abstraction. Aucune partie ne campe sur une ligne dure. En particulier, les dirigeants britanniques pro-Brexit sont embarrassés par leur victoire. Il est donc probable que, in fine, le Brexit ne change pas grand-chose et que le Royaume-Uni se retrouve avec un statut analogue à celui de la Norvège.

Par ailleurs, hors Royaume-Uni, les implications économiques du Brexit semblent être relativement limitées. Mario Draghi a par exemple chiffré l’effet négatif pour la zone euro à seulement 0,5 point de PIB en cumulé sur 3 ans. Dans ce contexte, les bénéfices par action ne devraient guère être revus en baisse par les analystes.

Autre facteur rassurant : les banques centrales sont à la manœuvre en assurant une liquidité interbancaire suffisante. Mark Carney, Gouverneur de la Banque d'Angleterre, a annoncé une baisse des taux d’intérêt de la Bank of England durant l’été. Confrontée à la baisse des rendements obligataires, la Banque centrale européenne devrait modifier sa politique d’achats de titres. Les anticipations de hausse de taux de la Réserve fédérale des Etats-Unis ont aussi été décalées à 2017 – voire 2018. Au niveau mondial, les politiques monétaires vont être accommodantes de façon plus durable qu’initialement escompté alors que sur le plan budgétaire, les gouvernements ont retrouvé des marges de manœuvre pour soutenir l’activité si besoin est.

Enfin, les échéances du référendum en Italie et des élections américaines sont suffisamment éloignées pour être pour le moment ignorées par le marché.