Révision à la baisse de la croissance économique - la politique monétaire ne suffit pas, les gouvernements doivent également stimuler l’économie

Keithwade
Keith Wade

Schroders a revu à la baisse ses prévisions concernant la croissance économique mondiale pour 2016 en tablant sur 2,3% au lieu de 2,5%. Les prévisions pour 2017 restent inchangées à 2,6%. Les prévisions relatives à l’inflation mondiale restent en grande partie inchangées; la baisse du taux d’inflation prévu pour les marchés développés est contrebalancée par la hausse des taux prévus pour les marchés émergents en 2016 et 2017.

Le cocktail formé par la baisse des taux de change, une politique monétaire plus accommodante et des prix stables alimente l’inflation sur les marchés émergents. En revanche, les prix pétroliers inférieurs aux prévisions exercent une pression à la baisse sur l’inflation des marchés développés en 2016. Telle est en résumé l’analyse de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders .

Keith Wade pense que la Fed attendra décembre pour augmenter les taux d’intérêts américains qui passeront à 0,75%. En 2017, la croissance économique sera modeste, mais comme l’inflation sous-jacente continue à augmenter, la Fed rehaussera vraisemblablement son taux d’intérêt en juin et décembre 2017. Fin 2017, le taux d’intérêts devrait atteindre 1,25%. Quant à la Banque du Japon, elle abaissera vraisemblablement son taux d’intérêt de -0.3% fin 2016 à -0.4% fin 2017. La BCE devrait baisser son taux de rémunération des dépôts en septembre. Il s’établira alors à -0.5% et restera à ce niveau jusque fin 2017. La banque centrale de Chine poursuivra sa politique d’assouplissement monétaire en ramenant son taux d’intérêt à 3% d’ici la fin 2017.

Dans l’intervalle, le débat sur un assouplissement de la politique budgétaire en vue de stimuler l’économie se poursuivra. Les mesures que les banques centrales ont prises et continueront à prendre, n’ont manifestement qu’un impact limité. Le mécanisme de transmission monétaire ne fonctionne apparemment pas, si bien que les effets de l’assouplissement quantitatif et de la baisse des taux d’intérêt ne sont pas ressentis dans l’économie réelle. Lors de la prochaine conférence de Jackson Hole, les banques centrales présentes ne manqueront pas de discuter d’un changement du cadre monétaire et d’autres formes de stimulation de l’économie.

Aux États-Unis, compte tenu du cycle politique, il ne faut guère espérer un stimulant important par les pouvoirs publics durant la première année d’une nouvelle présidence. Hillary Clinton a annoncé son intention d’accroître les dépenses publiques et de relever les impôts en contre-partie. Keith Wade s’attend à un assouplissement progressif de la politique budgétaire durant sa présidence. Mais si, contre toute attente, c’est Donald Trump qui sort vainqueur de l’élection présidentielle, on peut s’attendre à un stimulant énorme du côté des pouvoirs publics parce qu’il a bien l’intention de raboter sérieusement les taux d’imposition.

Dans la zone euro, la politique budgétaire cessera d’être restrictive pour devenir plus neutre. La discipline budgétaire stricte sera abandonnée, mais on ne perçoit pas clairement si la volonté existe de mener une politique expansive. L’Union européenne a récemment fait preuve de flexibilité concernant le déficit budgétaire de l’Espagne et du Portugal, mais rien n’indique si l’Allemagne et les autres pays-clés opteront pour une politique budgétaire plus large.