Schroders: Il est temps de réévaluer le rôle des matières premières

Les matières premières affichent actuellement des cotations attrayantes. Et ce n’est pas le seul avantage de cette catégorie d’investissements qui a été très malmenée ces dernières années. À présent que les investisseurs réévaluent le rôle des matières premières dans la répartition stratégique de leurs actifs, Duncan Lamont, responsable de la recherche chez Schroders , explique ce qui rend cette catégorie d’actifs si intéressante pour les investisseurs.

Malgré le sursaut de cette année, l’indice Bloomberg des matières premières se situe à environ 50% de son pic de 2011, parce que les investisseurs se sont désintéressés des matières premières ces dernières années. Pourtant, quand la morosité s’installe sur les marchés, les investisseurs devraient reprendre en considération cet investissement potentiel. D’après Duncan Lamont, les marchés des matières premières sont porteurs d’opportunités particulièrement attrayantes. Les principaux éléments qui plaident en faveur des matières premières sont, selon lui, les avantages qu’elles offrent:

1. un refuge contre l’inflation
2. des avantages significatifs en termes de diversité
3. un rendement attrayant ajusté en fonction du risque, même lorsque les perspectives ne sont que modérément positives

Un refuge contre l’inflation

Les matières premières sont en général corrélées positivement à l’inflation. Elles sont aussi considérées comme un bon refuge contre l’inflation, contrairement aux actions et aux obligations. L’immobilier et les obligations liées à l’inflation constituent également un bon refuge contre l’inflation, mais leur valorisation atteint actuellement un sommet historique, ce qui n’est pas le cas des matières premières. Les matières premières doivent leur vertu d’effet refuge au fait que, souvent, elles sont littéralement le matériaux de base de la croissance économique, mais aussi au fait qu’elles sont une composante importante des indicateurs du niveau des prix.

Bien que la pression déflationniste soit encore présente, certains signaux annoncent une reprise de l’inflation. Le marché du travail se resserre et l’inflation sous-jacente sur 12 mois dépasse les 2% depuis novembre dernier. Compte tenu aussi de la quantité énorme d’argent que les banques centrales ont injectée dans le système financier et d’une volonté politique croissante de générer de l’inflation, il serait déraisonnable d’ignorer le ‘risque’ d’inflation. C’est pourquoi Duncan Lamont pense que dans les cinq années à venir, les investisseurs vont avoir l’occasion d’apprécier de plus en plus les vertus de refuge des matières premières.

Diversification

Il est erroné de croire que les cours des matières premières augmentent quand les marchés des actions baissent. S’il y a parfois une corrélation négative entre les matières premières et les actions, elles affichent en général une corrélation légèrement positive. Néanmoins, même une allocation limitée dans les matières premières permet de réduire la volatilité d’un portefeuille surexposé aux actions. L’important, c’est que les investisseurs restent réalistes. Les matières premières offrent une possibilité de diversification vu leur lien avec la croissance économique, mais il serait irréaliste de supposer qu’elles constituent un refuge contre les risques extrêmes, comme la récession économique qui a résulté de la crise financière de 2008-2009.

Rendement attrayant ajusté en fonction du risque

Même lorsque les perspectives pour les matières premières ne sont que timides, il est intéressant d’intégrer des matières premières dans le portefeuille d’investissement. Duncan Lamont est d’avis que dans les conditions actuelles du marché, les matières premières pourraient même atteindre des résultats nettement meilleurs que ceux enregistrés jusqu’ici. Ses arguments sont les suivants:

  • Les prix des matières premières ont à ce point baissé qu’ils ont atteint le niveau le plus intéressant de leur histoire pour les acheteurs.
  • Nombre de matières premières se négocient à des prix inférieurs au niveau du coût de production. Les cours de l’aluminium, du nickel et du cuivre se situent en dessous du niveau des coûts marginaux. Il en va de même pour le pétrole.

    Il y a rarement eu un meilleur moment pour investir dans les matières premières. Mais il faut que les investisseurs saisissent effectivement l’opportunité qui se présente. Les investisseurs passifs qui suivent les indices de référence sont confrontés à divers coûts et effets indésirables auxquels les investisseurs actifs échappent ou dont ils peuvent même tirer profit. Grâce aux prix bas et au fait que la recherche ne s’est pas encore beaucoup intéressée à la plupart des matières premières, les investisseurs actifs ont des opportunités exceptionnelles à portée de la main dans les matières premières.