Schroders : Les échanges commerciaux avec l’Asie peu impactés par la victoire de Trump - les investisseurs ont d’autres préoccupations

L’impact de la politique de Trump sur le commerce extérieur varie d’un pays à l’autre. La Chine, l’Inde et les Philippines exportent beaucoup vers les USA, mais ce sont des économies assez fermées. La politique de Trump n’aura donc qu’un impact limité dans ces pays. La situation est fort différente pour Hongkong et Singapour, dont l’économie repose essentiellement sur l’activité de transbordement, explique Matthew Dobbs, responsable des actions mondiales à petite capitalisation chez Schroders .

Quels sont les projets de Trump une fois qu’il sera président?

Durant la campagne présidentielle, Donald Trump a fait diverses déclarations à propos du commerce international:

  • Il entend réduire l’exportation de l’emploi vers la Chine, la Corée du Sud et le Mexique.
  • Il veut que les États-Unis se retirent du Traité transpacifique - TPP (et du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement - TIPP), mais

    Matthew Dobbs rappelle que ces deux traités étaient déjà moribonds avant les élections américaines.
  • Donald Trump a systématiquement accusé la Chine de manipuler les cours des devises, alors que ce pays ne remplit pas les critères formels d'une telle accusation.
  • Il veut s’attaquer avec fermeté au vol de propriété intellectuelle.
  • Il a aussi l’intention de contrôler les subventions à l’exportation.

    Scepticisme concernant la marge de manoeuvre de Donald Trump

    Une chose est sûre: les prochains mois s’annoncent tumultueux. Mais Matthew Dobbs se montre sceptique concernant la concrétisation de toute la rhétorique électorale. Cette dernière se résume à une longue liste de points inscrits à l’agenda politique. Les thèmes nationaux (dépenses consacrées aux infrastructures, réforme fiscale, adaptation de l’Obamacare, nomination d'un juge à la Cour suprême) viennent encore s’ajouter à cette liste déjà longue. Et encore faudra-t-il voir quelle majorité le président Trump parvient à obtenir au Congrès. Ronald Reagan a un jour dit qu’un président peut être content s’il parvient à tenir trois ou quatre de ses promesses électorales, même si la Chambre des représentants et le Sénat lui sont favorables.

    Matthew Dobbs ne croit pas à une révolution de grande ampleur. Les avantages compétitifs de l’Asie ne devraient effectivement pas être basés sur la main-d'œuvre bon marché et le vol de propriété intellectuelle. La majeure partie des exportations de l’Asie est d’ailleurs étrangère à de telles pratiques. Donald Trump est un homme d’affaires, qui découvrira bien assez tôt comment fonctionnent réellement les chaînes logistiques entre les USA et le reste du monde. Sa liberté d’action s’en trouvera considérablement réduite.

    Des incertitudes sur d’autres terrains

    Ce ne sont pas les échanges commerciaux avec l’Asie qui sont source de préoccupations pour les investisseurs. L’incertitude règne dans d’autres domaines. Matthew Dobbs pointe notamment les implications d’un dollar américain plus fort et d’une hausse des taux d’intérêt pour l’Asie et pour les marchés émergents qui restent encore fragiles. Les vagues de vente qui pourraient se manifester à court terme en réaction à des craintes concernant les échanges commerciaux créeront des opportunités d’achat.

    Mais les investisseurs doivent bien se rendre compte que la hausse du dollar américain et le resserrement des liquidités coïncident avec le défi pour la Chine de gérer son endettement excessif et qui continue de croître alors que son économie est en pleine transition. Matthew Dobbs y distingue le réel danger pour la région.