Schroders: Entretien approfondi sur l’investissement durable (ESG) avec Jessica Ground

Les décisions d'investissement tiennent de plus en plus souvent compte de facteurs environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance (ESG). Telle est la conclusion qui ressort de l’étude Global Investor Study 2016 de Schroders basée sur un échantillon de 20.000 investisseurs originaires de 28 pays différents. Lors d'une session de questions et réponses, Jessica Ground, Head of Stewardship chez Schroders , réagit à divers aspects importants de l’ESG et commente quelques-unes des principales constatations de cette étude.

La dimension durable n’est pas une nouveauté

Le monde change plus vite que jamais. L’investissement "durable" ou "responsable" qui n’était au départ qu’une activité de niche a évolué jusqu’à devenir le fer de lance du secteur. Depuis le départ, Schroders a été associé à la rédaction des Principes d’investissement responsable (PRI) des Nations unies et s’efforce de clarifier comment les gestionnaires de patrimoine, dont elle fait partie, traduisent leur engagement ESG dans leurs décisions d’investissement et comment ils utilisent leur position d’actionnaires pour inciter les entreprises à réagir activement aux changements qui se produisent dans le monde.

La durabilité a toujours joué un rôle. Il s’agit à la base d’une méthode d'investissement fondée sur la compréhension de la qualité, des perspectives de croissance et de la pérennité d’une entreprise. Il est essentiel que les entreprises s’adaptent aux mutations rapides qui caractérisent le monde moderne et qu’elles anticipent les effets de changements profonds comme l’évolution démographique et le changement climatique. Ce n’est pas parce qu’une entreprise met l’accent sur des facteurs tels que le changement climatique que ses résultats à court terme doivent en pâtir pour autant.

Les investisseurs ont en fait un pouvoir considérable. Les actions représentent environ un quart du total des actifs financiers à l’échelle mondiale. Si l’on tient compte des obligations émises par les entreprises, la valeur conjointe des titres émis par les entreprises représente environ un tiers de ce total, soit environ l’équivalent de la production annuelle de l’économie mondiale. En répartissant ce capital, les investisseurs peuvent exercer une influence certaine. Selon Schroders , nous sommes à la veille d’un important transfert de patrimoine à la génération Y. Et tout porte à croire que cette génération accorde autant d’importante au rendement social et à la durabilité qu’au rendement financier. La pression exercée sur les entreprises pour les amener à tenir compte des facteurs ESG ne va faire qu’augmenter.

Jessica Ground se dit convaincue que les actionnaires, qui sont les copropriétaires de l’entreprise, peuvent, par leur engagement actif, contribuer à l’amélioration des résultats tant pour le monde que pour les investisseurs.

Les investisseurs veulent plus de durabilité, tandis que les conseillers se montrent encore réservés

Un des freins à cette évolution des mentalités est que le terme «durable» a plusieurs définitions et que la notion d’investissement responsable ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Mais les conseillers suivront la tendance. Trois questions peuvent être posées aux gestionnaires d’actifs pour mesurer la prise en compte des enjeux ESG:

Quelle est la place de la durabilité dans votre philosophie d'investissement?

De quelles connaissances, de quelle expertise et de quels instruments disposez-vous pour prendre de meilleures décisions d’investissement? Quels sont, selon vous, les principaux risques et les principales opportunités à moyen et à long terme auxquels les entreprises et les secteurs doivent être préparés? Jessica Ground pense que l’accent va davantage être mis sur la composition du patrimoine des entreprises afin de s’adapter aux nouvelles tendances sociales et écologiques auxquelles elles sont confrontées. L’attention ira surtout au mode de gouvernance des entreprises plutôt qu’à la quantité d’argent qu’elles gagnent.