La grande crise financière dix ans après sous forme de graphiques

Cela fait dix ans que la crise financière a éclaté. Dans un Markets Report, Joe Le Jéhan, gestionnaire de fonds chez Schroders , analyse l’impact de cette crise au moyen d’une série de graphiques.

Comment tout a commencé

Il y a dix ans, la crise financière a commencé par l’effondrement du marché américain du logement. Cet effondrement a provoqué la récession la plus grave depuis 1929 et mené le système financier au bord du gouffre. Nous en ressentons encore les effets: croissance faible, instabilité politique et Brexit. Même l’élection de Trump est un lointain effet de cette crise.

Tout a commencé par les prêts américains à «subprime»: l’augmentation du nombre de défauts de paiement a fait éclater le problème au grand jour. Le marché de l’immobilier résidentiel était sous pression et la méfiance régnait entre les banques. Comme personne ne savait qui avait des créances toxiques dans son bilan, les banques n’ont plus voulu se prêter de l’argent les unes aux autres. Le 9 août 2007, le danger d’un risque systémique est devenu patent.

VIX, du plus haut au plus bas

L’indice de volatilité VIX, qui est un excellent baromètre de l’angoisse des marchés, s’est envolé. Déjà à un niveau élevé vers la mi-2007, il a atteint un pic début 2010. Le VIC est ensuite redescendu grâce aux interventions des pouvoirs publics et des banques centrales. La confiance est de retour chez les investisseurs et le baromètre de l’angoisse des marchés est aujourd’hui à un niveau historiquement bas. Cela indique que les investisseurs ne perçoivent la présence d’aucun danger susceptible d’entraîner une grande volatilité.

Taux obligataire sous pression

Une des conséquences les plus frappantes de la crise est la baisse prolongée et continue du taux obligataire. Les banques centrales ont jugé nécessaire de réduire les frais d’emprunt, après quoi elles ont diminué les taux d’intérêt et lancé l’élargissement quantitatif. Il en a résulté une baisse du taux obligataire, mais aussi une hausse des cours obligataires, ce qui a influencé les frais d’emprunt. Des années après les baisses de taux d’intérêt, les taux obligataires ont encore continué de diminuer, à tel point que les obligations d’État japonaises et allemandes ont même affiché un rendement négatif en 2016.

Les marchés des actions retrouvent vigueur

Durant les jours les plus noirs de la crise, les places boursières japonaises et européennes ont perdu plus de la moitié de leur valeur. La politique monétaire menée a eu pour effet secondaire de relancer les marchés des actions. Les actions américaines ont augmenté de plus de 260% depuis le plus fort de la crise en 2009. Le Royaume-Uni, l’Europe et l’Asie ont enregistré une croissance de plus de 150%. Les taux bas ont permis aux entreprises de restructurer leur bilan à moindre coût. Depuis la crise, les marchés des actions ont fourni des rendements corrects. Même l’investisseur qui aurait joué la carte de l’attentisme pendant la crise aurait vu ses placements obtenir un rendement sain.

Les banques prennent l’eau

Les soins de santé et les biens de consommation comptent parmi les secteurs qui affichent le rendement le plus lucratif. Depuis 2007, les investisseurs préfèrent les actions des secteurs liés aux biens et services. Les matériaux et l’énergie sont deux des trois secteurs qui ont enregistré les performances les plus mauvaises. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le secteur bancaire, qui s’est retrouvé dans l’oeil du cyclone, soit celui qui affiche le rendement le plus médiocre. Un investisseur qui avait placé 1000 dollars dans le secteur bancaire comptabiliserait aujourd’hui une perte de 389 dollars.

Entre-temps, les banques ont fait le ménage dans leur gestion. Il est temps de réévaluer le secteur. Le ratio cours-valeur comptable montre que les investisseurs valorisent les banques européennes, britanniques et japonaises à un niveau inférieur à la valeur des actifs inscrits à leur bilan; cette valorisation n’atteint que près de la moitié de son niveau de 2007.

Et quid de la valorisation des actions?

Schroders examine les valorisations des actions selon quatre méthodes différentes. Si l’on compare leur valorisation actuelle à la moyenne sur dix ans, les soins de santé arrivent en tête de classement, tandis que les banques se classent en dernière position. Quelle que soit celle des quatre méthodes de valorisation utilisée, les soins de santé obtiennent une valorisation relativement élevée. Les banques semblent aussi faire partie des valorisations élevées et elles versent pour l’instant des dividendes inférieurs à la moyenne.

La protection du capital fonctionne aujourd’hui autrement

Joe Le Jéhan, gestionnaire de fonds chez Schroders , souligne encore l’importance de la protection du capital à la fin de chaque cycle. Mais le cycle actuel est différent de tous les autres, ce qui veut dire que la protection du portefeuille est différente elle aussi. Les obligations d’État sont traditionnellement considérées comme une valeur refuge, mais elles n’offrent plus aujourd’hui la même protection que par le passé. Il importe dès lors de se tourner vers d’autres actifs qui ont une valorisation relativement faible et/ou le potentiel d’offrir une protection en période de turbulences. Concrètement, il pointe les liquidités, certains fonds de couverture et le métal jaune.