Des indicateurs à contre-courant annoncent que la bourse peut poursuivre sa hausse

Evanbauman
Evan Bauman

Evan Bauman, gestionnaire de portefeuille du Legg Mason ClearBridge US Aggressive Growth Fund

Les marchés boursiers sont une braderie permanente. Le prix de chaque action reflète l'opinion collective de milliers voire de millions d'investisseurs à un moment donné quant à la rentabilité actuelle d'une société et la valeur de ses flux de revenus à venir. Cette opinion est en grande partie fondée sur une analyse des fondamentaux d'une entreprise : chiffre d'affaires, marge bénéficiaire, trésorerie et niveau d'endettement, pour n'en citer que quelques-uns. Ce type d'analyse ascendante, que nous alimentons grâce à des travaux de recherche spécifiques à certains secteurs et lors de réunions régulières avec la direction des sociétés, nous aide à déterminer si des actions se vendent à un prix supérieur ou inférieur à celui que nous croyons pertinent. Les actions dont le prix est inférieur à leur juste valeur peuvent créer une opportunité d'achat attrayante, tandis que celles dont le prix est bien plus élevé sont conservées ou vendues à profit.

Pour une vue d'ensemble de la valeur et de l'orientation du marché global, il convient d'examiner les indicateurs relatifs au moral des investisseurs. Tandis que les indices continuent d'atteindre de nouveaux sommets, on nous demande régulièrement combien de temps le marché boursier américain, haussier depuis huit ans et demi, se maintiendra. Le seul moyen de faire perdurer un marché haussier est de le freiner périodiquement. Tant que la menace d'un déclin de petite ou de moyenne ampleur planera, ce sera le signe que le marché haussier dispose encore d'une marge de progression. Des instantanés de l'état d'esprit des investisseurs, tels que l'enquête sur le moral des investisseurs menée par l'American Association of Individual Investors (AAII), nous indiquent de manière fiable si les cours sont excessifs ou peuvent encore augmenter.

La correction de marché de l'année dernière est un bon exemple de ce que signifie la confiance en matière de valorisations boursières. Nous avons étudié le marché en février 2016, qui est devenu haussier après une chute vertigineuse puis est remonté après avoir atteint ce que nous pensons représenter un plancher majeur. Nous avons adopté une attitude plus constructive en matière d'actions, en partie due à l'extrême morosité des investisseurs. Un très fort pessimisme est souvent un indicateur à contre-courant. En cela, l'enquête de l'AAII ainsi que l'enquête Investors Intelligence Advisor Sentiment Survey, laquelle reflète le sentiment de plus de 100 publications indépendantes, se sont avérées alarmantes. L'enquête de l'AAII venait d'enregistrer deux de ses hausses les plus faibles en 20 ans, tandis que l'IIAS connaissait ses niveaux les plus bas depuis les ventes massives de 2009 et 2011.

Bien que les niveaux extrêmes de début 2016 n'aient pas été atteints, l'interprétation des enquêtes récentes suggère que les investisseurs sont devenus plus frileux. Le pourcentage d'investisseurs haussiers dans l'enquête de l'AAII a atteint en août son niveau le plus bas depuis un an. Entretemps, l'écart haussier-baissier de l'Investors Intelligence a diminué d'environ 25 % le mois dernier, indiquant que le risque d'une surchauffe du marché s'éloignait. De plus, le nombre de haussiers dans l'enquête a récemment atteint son plus bas niveau depuis une époque antérieure à l'élection de Donald Trump. Un autre indicateur de l'attitude des investisseurs en matière d'actions est la volatilité. L'indice du Chicago Board Options Exchange Volatility (VIX) est devenu un moyen très prisé pour mesurer l'amplitude de la fluctuation quotidienne du cours des actions. Une très forte volatilité est généralement associée à un stress du marché, tandis qu'une faible volatilité telle que celle que nous avons connue ces cinq dernières années suggère un environnement de marché moins risqué. Il nous semble préoccupant que la faible volatilité qui perdure ait incité les investisseurs à placer leur argent en actions malgré les risques. La volatilité a atteint des sommets encore plus hauts le mois dernier en raison de risques géopolitiques croissants ; nous pensons que ce type de signal est encourageant et montre que ce risque est de nouveau accepté.

Bien que nous pensions que certains secteurs du marché boursier américain sont saturés et onéreux, ces interprétations du moral des investisseurs et de la volatilité suggèrent qu'il demeure suffisamment d'opportunités sur le marché dans son ensemble pour prolonger cette tendance actuelle à la hausse.