L'affaiblissement du marché du travail, des prévisions d’inflation stables ainsi qu’une pression politique croissante suggèrent que la Réserve fédérale américaine (Fed) opérera un changement de cap décisif lors de sa prochaine réunion en septembre, explique Jörg Held, responsable de la gestion de portefeuille chez ETHENEA Independent Investors S.A. Une baisse des taux d'intérêt semble inévitable.
« Dans son discours à Jackson Hole fin août, Jerome Powell a souligné que la Fed considérait désormais les risques baissiers pesant sur le marché du travail comme plus importants que les risques haussiers pesant sur l'inflation. La situation du marché du travail est donc devenue la principale raison d'un assouplissement imminent de la politique monétaire. En août 2025, l'économie américaine a enregistré sa première baisse du taux d'emploi depuis longtemps, révélant des fissures évidentes dans les fondations du marché du travail. Cette évolution, combinée à une hausse du taux de chômage à 4,3 %, incitera très probablement la Fed à réduire ses taux.
Les dernières données sur l'inflation montrent une légère augmentation, mais restent dans les clous. Les acteurs du marché y voient davantage un effet temporaire qu’une tendance durable. Pour la Fed, cela signifie qu'elle ne ressent aucune pression supplémentaire pour relever ses taux de manière agressive. Elle peut au contraire maintenir son cap de baisses graduelles des taux sans compromettre sa crédibilité dans la lutte contre l'inflation.
Une baisse des taux en septembre pourrait marquer le début d'un nouveau cycle d'assouplissement. Les marchés s'attendent actuellement à ce que le taux directeur passe sous la barre des 3 % d'ici fin 2026. Ces attentes sont en grande partie influencées par la situation politique : depuis le retour de Donald Trump à la présidence, la pression exercée sur la Fed pour qu'elle mette en place rapidement des mesures de relance en faveur de la croissance et de l'emploi s'est considérablement accrue. De plus le mandat de Jerome Powell prend fin en mai 2026 et un successeur nommé par Trump renforcerait probablement la tendance à la baisse des taux.
La réunion prévue en septembre pourrait ainsi entrer dans l'histoire monétaire comme le moment où la Fed a redéfini ses priorités, passant d'une approche exclusivement axée sur la lutte contre l'inflation à un soutien plus actif du marché du travail. Nous pensons que les risques d'inflation sont actuellement surestimés et nous prévoyons un assouplissement monétaire continu au cours des deux prochaines années. »