Marchés émergents : la classe d’actifs la plus à risque

Semaine sans grand relief sur les marchés actions dans un contexte de remontée des anticipations de resserrement monétaire par la Réserve fédérale des Etats-Unis (la "Fed"). La probabilité d’une hausse de taux d’ici août est ainsi passée de 17% à 51%.

Cette remontée a été causée par les déclarations d’un certain nombre de membres de la Fed et, surtout, par la publication des minutes du dernier FOMC - l'organe central de contrôle de la Fed - qui indiquent que la plupart des participants jugent qu’une hausse des taux dès juin serait appropriée si les conditions en termes de croissance, d’inflation et de risque mondial le permettaient.

Les marchés actions et obligataires ont plutôt bien résisté, probablement parce qu'en dépit de leur remontée, les anticipations de hausse des taux de la Fed restent encore modérées. Par ailleurs, les taux longs américains ne remonteront guère dans l’immédiat : la croissance potentielle américaine est médiocre, le risque inflationniste est modéré et les taux longs bénéficieront de la recherche de rendement d’investisseurs institutionnels japonais et éventuellement européens. Or, plus qu'aux taux courts, le marché actions est sensible à l'évolution des taux longs.

Les marchés émergents nous semblent la classe d’actifs la plus à risque. En effet, la plupart des pays émergents étant emprunteurs nets sur les marchés financiers internationaux, ils seront pénalisés par la hausse des taux de la Fed et du dollar. Qui plus est, l’élargissement de l’écart de taux entre les Etats-Unis et la Chine pèsera sur le yuan en entraînant des sorties de capitaux de Chine. A l’inverse, si la Fed devait ne pas remonter ses taux, cela se justifierait soit par une trop faible croissance américaine – or les émergents restent fondamentalement dépendants de la croissance mondiale – soit par la matérialisation du risque Chine – or les marchés émergents sont plus vulnérables que les marchés développés au risque chinois.