“Sell in May, go away”*

Chaque année au mois de mai, les investisseurs se demandent s'ils doivent vendre leurs actions. Surtout maintenant, après les hausses cumulées de cette année. Christian Schmitt, Senior Portfolio Manager chez ETHENEA Independent Investors S.A., examine la question sous différents angles et voit toujours un environnement de marché favorable aux actions. Avec une mise en garde.

De manière générale, les investisseurs devraient-ils vendre leurs actions après de fortes hausses cumulatives? En bref, la réponse est non. D'un point de vue empirique, les fortes variations de prix sur un horizon de trois mois tendent à être suivies par des rendements supérieurs à la moyenne au cours des six à douze prochains mois. Toutefois, une consolidation à court terme plus petite peut être possible et la plupart des acteurs du marché appellent généralement cela une consolidation saine. Mais ces consolidations ne sont, en moyenne, pas assez significatives pour ajuster le positionnement d'un portefeuille du seul fait de ces dernières.

En particulier, les investisseurs devraient-ils vendre leurs actions en mai ? La réponse à cette question n'est pas aussi simple que la première. D'un point de vue empirique, le dicton "Sell in May, go away"* trouve son origine dans quelques faits historiques et les mois d'été sont en effet les plus faibles en termes de performance, du moins en moyenne. Néanmoins, il ne s’agit que de l'un des arguments dont les investisseurs devraient tenir compte dans leurs décisions d'investissement. Il existe d’autres arguments, et ceux-là sont beaucoup plus importants. Dans le cadre de l'approche d'ETHENEA qui se base sur le bilan de marché, nous voulons obtenir une vue d'ensemble de tous les facteurs influençant les rendements futurs des actions.

Si l'on ajoute tous les facteurs de la macroéconomie, de la politique monétaire, des fondamentaux, des valorisations, des techniques de marché et des signaux provenant d'autres classes d'actifs comme les matières premières, les devises et les titres à revenu fixe, nous constatons toujours un environnement de marché favorable pour les actions. Le fait que nous soyons actuellement au mois de mai et que les actions aient déjà connu d'importants gains de prix depuis le début de l'année ne suffit pas pour vendre des actions.

Préférence pour les actions américaines

Depuis début 2018, l'économie mondiale connaît un ralentissement cyclique, surtout dans l’industrie manufacturière. Actuellement, nous ne nous attendons pas à ce que ce ralentissement s'étende à une récession mondiale, mais quelques premiers signes d'espoir permettent déjà de croire que le pire est derrière nous. Il reste toutefois probable que les incertitudes économiques et politiques subsisteront encore pendant un certain temps.

Dans le contexte actuel d'incertitude accrue, nous évitons d’avoir une position trop cyclique ou trop défensive. A notre avis, les meilleurs ratios risque/bénéfice se trouvent actuellement dans des modèles économiques de haute qualité avec des moteurs de croissance structurels. Dans un tel cas, les investisseurs peuvent bénéficier de deux avantages : ils peuvent prendre part au développement positif à long terme de l'activité sous-jacente, tandis que les risques potentiels à court terme liés à un ralentissement inattendu et continu devraient être limités dans la plupart des cas en raison de la qualité élevée de l'entreprise. En général, ces titres se retrouvent dans presque toutes les régions ou tous les secteurs. De notre approche descendante, nous continuons de privilégier les actions américaines par rapport aux actions européennes, car la liste des risques potentiels continue d'être beaucoup plus longue pour les actions européennes que pour leurs homologues américaines.

D'autre part, il est temps de constituer une poche de liquidités au sien du portefeuille. Les raisons en sont très simples. Tout d'abord, ce n'est définitivement pas le moment de tout miser sur les actions. Deuxièmement, les alternatives existantes au niveau des titres à revenu fixe libellés en euros ne génèrent pas de rendement nettement supérieur à zéro. Par conséquent, il est judicieux de détenir du cash ou d’accroitre la liquidité du portefeuille.

*Vendez en mai et partez !