La stratégie de placement 60/40 offre-t-elle le meilleur rendement ?

Au cours des vingt dernières années, les investisseurs ont connu deux des plus grands krachs boursiers de l’histoire. Ils veulent donc jouer la sécurité en ce qui concerne les rendements et éviter les pertes. C'est la raison pour laquelle beaucoup d’investisseurs ont un portefeuille 60/40, c’est-à-dire que 60 % des placements sont investis dans des actifs plus risqués - qui offrent en général un rendement plus élevé - et 40 % dans des obligations d’État. Reste à savoir si une stratégie 60/40 offre encore des avantages aujourd’hui, s’interroge Claire Walsh, Personal Finance Director chez Schroders.

Clairewalsh
Claire Walsh

Rendements du passé…

Claire Walsh a analysé les rendements des trente dernières années sur la base d’une stratégie 60/40. La gestionnaire d'actifs britannique s'est intéressée en particulier à la volatilité et au rendement. Cette analyse montre que la volatilité reste en effet limitée et que cette stratégie a permis d'obtenir un rendement supérieur.

Un investissement de 1 000 dollars dans trois stratégies différentes fin 1988 aurait procuré des rendements différents au bout de trente ans.

  • 1 000 dollars investis uniquement en actions auraient généré un rendement de 7,2 % par an (soit 7 554 dollars)
  • 1 000 dollars investis uniquement en obligations d’État auraient généré un rendement de 6,2 % par an (soit 5 806 dollars)
  • 1 000 dollars investis dans un portefeuille 60/40 auraient généré un rendement annuel de 7,5 % (8 091 dollars)

    Graphique : Une stratégie 60/40 peut produire des rendements meilleurs

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    (Source : Schroders)

    Le secret d'une stratégie 60/40 réussie : le rééquilibrage annuel

    Pour que la stratégie fonctionne correctement, le portefeuille doit être ajusté au moins une fois par an, de manière à ce que le ratio reste à 60/40. C'est ce qu'on appelle un rééquilibrage. En pratique, cela consiste à vendre des actifs très performants et à réinvestir le capital dans des valeurs à la traîne. Idéalement, les actifs sous-performants rattraperont et amélioreront le rendement, tandis que la volatilité restera limitée.

    La stratégie 60/40 fonctionne-t-elle encore ?

    Les taux d'intérêt ultra bas des dernières années et la politique monétaire ont cependant perturbé les rendements. Cette politique s'est traduite par un faible rendement des obligations d'État. Un investissement en obligations d'État en 2008 n'aurait rapporté que 2,5 %, alors que les actions auraient rapporté 10,3 % sur la même période. À l'heure actuelle, un portefeuille 60/40 ne produit pas le même rendement que par le passé.

    En 2013, Warren Buffett préconisait une stratégie 90/10. Cette stratégie aurait certainement porté ses fruits, étant donné que l'indice MSCI World a grimpé de 242 % depuis son plus bas niveau en 2009. Mais une telle surpondération des actions est très risquée.

    Avantage psychologique

    Pour Claire Walsh, une stratégie stricte 60/40 offre surtout un avantage psychologique, même si elle est aujourd’hui moins efficace que par le passé. Un rééquilibrage régulier permet d'éviter certaines erreurs classiques des investisseurs, telles que la vente de titres à leur prix plancher et l'achat de titres à leur cotation la plus élevée. Le rééquilibrage offre aux investisseurs une certaine tranquillité d'esprit.