Les investisseurs séduits par les entreprises brassicoles risquent de vivre des lendemains pénibles

Ils ont tout intérêt à privilégier le secteur des télécoms et le secteur financier

La concurrence accrue, les cours élevés et l’inflation qui peine à redémarrer peuvent s’avérer problématiques pour les actions des entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons, écrit James Sym, gestionnaire de fonds d’actions européennes chez Schroders . Il prédit des jours meilleurs pour les banques et les entreprises télécoms.

La bière chère ouvre des appétits

Le prix du verre de bière a augmenté au fil des ans, ce qui ne fait pas vraiment l’affaire des gros producteurs brassicoles. Quand ce prix est bas, cela limite la concurrence tandis que quand il est élevé, cela attire toujours plus d’entreprises brassicoles sur le marché de la bière. Les grands producteurs brassicoles doivent alors soit céder des parts de marché, soit se lancer dans des opérations de rachat. En cette période de capitaux peu onéreux, c’est en général la deuxième formule qui l’emporte. Mais ces rachats peuvent également avoir des effets pervers parce qu'ils incitent encore plus de producteurs à commercialiser une bière concurrente. Pour James Sym, le climat est difficile pour les brasseries et défavorable pour les investisseurs. À cela s’ajoute que les entreprises brassicoles et d’autres producteurs de biens de consommation affichent actuellement des cours (trop) élevés.

En règle générale, les producteurs de biens de consommation sont très prisés des investisseurs en raison de la stabilité de leur chiffre d’affaires et de leurs dividendes constants. Depuis la crise financière, ils ont la cote auprès des investisseurs, ce qui veut dire que leurs titres affichent aujourd’hui des cotations plutôt élevées. En outre, James Sym distingue des signes annonçant que le vent va bientôt tourner pour ces entreprises. L’automne dernier, les actions des entreprises du secteur des soins de santé et des producteurs de biens de consommation ont souffert du «reflation trade». Schroders y voit un signe avant-coureur de ce qui va se passer lorsque l’inflation va repartir à la hausse. Ce changement de tendance risque d’être douloureux pour les actions défensives dont les cours sont actuellement élevés.

Le marché intègre l’inflation trop basse dans ses cours

James Sym ne partage pas le point de vue général sur l’inflation. L’on constate déjà çà et là un manque de main-d'œuvre sur le marché européen du travail, ce qui provoque une pression à la hausse sur les salaires. Le taux d’utilisation est également élevé. Les entreprises doivent donc soit augmenter leurs prix soit accroître la production pour pouvoir satisfaire la demande. Il n’attend pas de variations importantes de l’inflation, mais le marché tient actuellement compte dans ses cours d’un scénario déflationniste extrême. Chaque retour à des conditions plus normales peut avoir un impact significatif. Un retour de l’inflation forcerait les investisseurs à revoir entièrement la composition de leur portefeuille. Et dès que l’inflation devient visible dans les chiffres officiels, il est en fait déjà trop tard. Les marchés financiers et les prix des actifs auront déjà réagi.

Les banques et les télécoms profitent de l’inflation

Un redémarrage de l’inflation est positif pour les actions bancaires qui sont fortement corrélées au taux obligataire. Dès que l’inflation reprend, les bénéfices des entreprises et les cours des actions repartent à la hausse. Les actions du secteur des télécoms ont fortement pâti de la baisse continue du taux obligataire et du bas niveau de l’inflation. Les cours sont à leur niveau plancher, ce qui peut être un bon point de départ pour l’investisseur contrarien, d’autant que leurs fondamentaux commencent à s’améliorer.

Ces cinq dernières années, les entreprises télécoms ont investi massivement dans les réseaux 4G et la fibre optique. Dans ce secteur, pour gagner de l’argent, il faut en dépenser. Mais la technologie est prête pour répondre à la demande de données des 30 prochaines années. James Sym prévoit que dans trois ans, les entreprises télécoms vont générer d’importantes liquidités.